Rapport IPP n°37 - Mars 2022

La discrimination à l’embauche selon le sexe

Rapport IPP n°37 – Mars 2022

Auteurs :

Thomas Breda (PSE, IPP), Nicolas Jacquemet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PSE), Morgane Laouenan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, LIEPP), Roland Rathelot (CREST-Ensae), Mirna Safi (Sciences-Po, LIEPP) et Joyce Sultan Parraud (IPP)

Financeurs :

Cette étude est le fruit d’une collaboration entre la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques – Mission d’Animation de la Recherche (Dares-MAR), l’Institut des politiques publiques (IPP) et l’Inter Service Migrants – Centre d’Observation et de Recherche sur l’Urbain et ses Mutation (ISM CORUM). Cette étude a bénéficié du soutien financier de la Dares.

Contact :

thomas.breda@ipp.eu, nicolas.jacquemet@univ-paris1.fr, joyce.sultan@ipp.eu

La discrimination à l’embauche selon le sexe

Présentation : Les inégalités sur le marché du travail entre les femmes et les hommes sont importantes : la participation des femmes reste plus faible que celle des hommes, leurs rémunérations sont inférieures en moyenne et elles connaissent des trajectoires professionnelles moins ascendantes que les hommes. La contribution des conditions d’accès à l’emploi à ces inégalités professionnelles reste encore mal connue. Les résultats issus d’études par correspondance (testings) en France suggèrent une discrimination à l’embauche à l’encontre des femmes limitée en moyenne mais qui varie selon les contextes étudiés. Le testing mené par l’Institut des politiques publiques et ISM Corum sous l’égide de la Dares permet de mesurer la discrimination à l’embauche selon le sexe dans des métiers qui varient selon leur niveau de qualification, de féminisation et de difficultés de recrutement. Cette vaste expérimentation a consisté à envoyer des CV fictifs en réponse à plusieurs milliers d’offres d’emploi dans onze métiers distincts en faisant varier les identités sur les candidatures. Ce rapport présente le protocole expérimental mis en œuvre ainsi que les principaux résultats de cette expérimentation.

Points clés :

  • Plusieurs milliers de CV ont été envoyés en réponse à des offres d’emploi publiées pour 11 métiers différents. Nous avons fait varier le sexe des candidats aléatoirement d’une candidature à l’autre afin de pouvoir mesurer la discrimination à l’embauche en raison du sexe.
  • Au-delà du sexe des candidats, les prénoms véhiculent également des perceptions sur leur identité sociale et leur origine ethnique. Les candidatures de chaque sexe ont été associées à des prénoms d’origine française et à des prénoms d’origine maghrébine.
  • Les métiers ciblés ont été choisis selon trois critères : le niveau de qualification qu’ils requièrent, leur degré de féminisation et les difficultés de recrutement auxquelles les recruteurs sont confrontés sur ces métiers.
  • Les catégories d’âge des candidats et des candidates ont été choisies de manière à correspondre (en moyenne) à des étapes clés de la carrière mais aussi de la parentalité (sans enfants, jeunes enfants, enfants plus âgés). Cette dimension est explicitement prise en compte, ainsi que la situation familiale et l’existence de périodes d’inactivités, en incluant dans certaines candidatures des informations additionnelles sur la situation personnelle des candidats.
  • En moyenne, les femmes et les hommes sont aussi souvent contactés par les employeurs et il n’y a donc pas de discrimination à l’encontre d’un sexe détectable lors de la première phase du processus de recrutement. Parmi les candidatures d’origine supposée maghrébine, les femmes reçoivent davantage de réponses positives que leurs homologues masculins.
  • L’absence de discrimination en moyenne n’est pas liée à la pandémie de Covid-19 et s’observait déjà avant celle-ci.
  • Il y a en revanche des disparités importantes liées au niveau de qualification requis, les femmes étant défavorisées parmi les métiers les moins qualifiés, mais favorisées sur les métiers de cadres, en particulier lorsqu’ils comportent de l’encadrement.
  • Ce « retournement » en faveur des femmes qui s’opère entre emplois peu qualifiés et qualifiés est tiré par des métiers où les hommes sont largement majoritaires.
  • L’ajout sur les CV d’indications concernant la présence d’enfants, la situation conjugale ou encore l’existence de périodes d’inactivité n’induit pas en moyenne de discrimination à l’encontre des candidatures féminines.

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