Actualités

Peut-on réduire les inégalités géographiques dans l’accès aux filières sélectives en France?

Le pôle éducation de l’IPP publie ce mardi 25 mars une nouvelle étude sur les liens entre la répartition géographique de l’offre de formations et les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur en France.

Son autrice est Georgia Thebault, PSL research fellow en économie de l’éducation à l’université Paris Dauphine-PSL.

Quel rôle peut jouer la distance à la formation la plus proche dans les choix d’orientation des élèves ? En France, où il existe de nombreux freins à la mobilité étudiante, la répartition inégale de l’offre de formation sur le territoire contribue fortement aux disparités géographiques d’accès à l’enseignement supérieur. Cette question constitue un enjeu central pour les politiques publiques d’éducation, dans la mesure où l’accès à l’enseignement supérieur constitue encore un levier essentiel de la mobilité sociale.

Pour y répondre, cette étude évalue un dispositif mis en œuvre depuis la fin des années 1990 : la création de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et de sections de technicien supérieur (STS) dites « de proximité », le plus souvent implantées en dehors des grands centres urbains.

Résultats clés

  • Bien que les CPGE et STS se distinguent par leur profil social et scolaire, leur recrutement demeure concentré sur un périmètre géographique réduit.
  • L’accès aux formations sélectives varie fortement selon le lycée d’origine des étudiants : en 2015, la moitié des lycées généraux et technologiques ne fournissait que 16% des effectifs en STS, tandis qu’à l’inverse, 21% des lycées en fournissaient la moitié. Pour les CPGE, ces proportions étaient de 14% et 18% respectivement.
  • Les élèves qui passent leur baccalauréat dans un lycée proposant une formation sélective ont plus de chances de candidater et d’être admis dans ces filières, comparés à ceux issus de lycées sans offre équivalente. Cet écart ne s’explique que partiellement par les différences de performances scolaires entre ces deux groupes d’élèves.
  • L’ouverture d’une CPGE ou d’une STS accroît d’environ 8% la probabilité d’inscription des élèves locaux, qu’ils soient originaires du lycée concerné ou des lycées voisins. Les élèves bénéficiant de l’ouverture d’une CPGE ont plus de chances d’intégrer une grande école dans les trois ans suivant leur baccalauréat, avec un effet d’ampleur comparable à celui observé sur l’accès en CPGE.
  • L’impact des ouvertures de classes sur l’accès à ces formations provient principalement d’élèves qui, sans cette possibilité, auraient privilégié l’université plutôt qu’une autre filière sélective.
  • L’effet des ouvertures de CPGE et STS est plus marqué pour les élèves des petites communes
    et, dans le cas des STS, pour ceux issus de la voie professionnelle.

Lire la note

S’abonner pour recevoir les futures publications du pôle éducation

Partenaires

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une convention de recherche avec la Direction de l’Évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) et la Sous-direction des systèmes d’information et études statistiques du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR-SIES). L’autrice remercie les équipes de la DEPP et du SIES pour la mise à disposition les données utilisées dans cette recherche.

Cette note a également bénéficié du soutien de la Chaire Politiques éducatives et mobilité sociale. Créée en 2021 dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Ardian, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) et PSE-École d’économie de Paris, cette chaire vise à promouvoir la recherche de haut niveau et la diffusion des connaissances sur les politiques éducatives et la mobilité sociale.

logo chaire politiques éducatives et mobilité sociale