
Le pôle retraites de l’IPP publie ce jeudi 6 novembre l’évaluation d’impact de la réforme des retraites de 2010 sur l’Assurance chômage, notamment les effets sur l’équilibre financier.
Ce rapport présente les résultats d’un projet de recherche débuté en 2023 et mené en partenariat avec l’Unédic. Pour rappel, la réforme de 2010 a introduit une hausse des principaux seuils d’âge du système : l’âge minimum de liquidation d’une pension de retraite, appelé aussi âge d’ouverture des droits à la retraite (AOD), ainsi que l’âge d’obtention du taux plein sans condition de durée, appelé âge d’annulation de la décote (AAD), augmentent de deux ans. L’AOD passe ainsi progressivement de 60 à 62 ans pour les générations nées entre 1950 et 1955, à un rythme de 4 à 5 mois supplémentaires par génération.
L’objectif de ce type de réforme est de prolonger la carrière des seniors afin de diminuer les dépenses de retraite et d’accroître les recettes de cotisations sociales. Elle peut toutefois engendrer des effets indirects, en augmentant le recours à d’autres dispositifs, notamment l’Assurance chômage. Une évaluation a posteriori de cette réforme a donc pour objectif de mesurer chacun de ces effets avec précision et d’identifier quelles personnes sont les plus touchées.
Les principaux enseignements sont les suivants:
• La réforme a entraîné une hausse du recours à l’Assurance chômage entre l’ancien et le nouvel âge minimum légal, principalement en raison d’un allongement de la durée d’indemnisation des personnes déjà au chômage. Cet impact a donc conduit à une augmentation des dépenses de l’Assurance chômage.
• Dans le même temps, la réforme a entraîné une hausse de l’emploi entre 60 et 62 ans et donc une hausse des cotisations sociales finançant l’Assurance chômage.
• Les auteurs mettent également en évidence des effets positifs sur l’emploi avant 60 ans, notamment pour les salariés ayant une fin de carrière stable et employés dans de grandes entreprises.
• L’impact global de la réforme de 2010 sur le solde financier de l’Assurance chômage est globalement neutre et de très faible ampleur rapporté aux dépenses d’assurance chômage, les hausses de recettes compensant le surcoût dû à la hausse du nombre de personnes indemnisées par l’Assurance chômage.
NB : Il s’agit bien d’une évaluation de la réforme de 2010. Celle-ci comporte des similitudes avec la réforme de 2023 dans la mesure où elle implique également un report de deux ans de l’AOD. Toutefois, l’effet d’un passage de 60 à 62 ans n’est pas nécessairement transposable à une hausse de 62 à 64 ans. Par ailleurs, notre analyse prend en compte les évolutions réglementaires propres à la période étudiée, notamment la modification des critères d’éligibilité au dispositif des carrières longues.
Les auteurs de ce rapport sont Antoine Bozio, Patrick Aubert, Maxime Tô et Maïlys Pedrono.

