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(Note IPP n°63) Immigration qualifiée : une solution face aux pénuries de main d’œuvre ?

Note IPP n°63, mars 2021

L’Institut des politiques publiques publie ce jour une Note (n°63) sur les leçons pouvant être tirées du décret de 2008 facilitant l’embauche de travailleurs extra-Européens dans des métiers et secteurs faisant face à des difficultés de recrutement.

Auteur : Sara Signorelli

Contact : sara.signorelli@psemail.eu

Résumé : La France a connu une très forte augmentation des pénuries de main d’œuvre au début des années 2000. Entre 2003 et 2007, la part des métiers présentant plus d’offres d’emploi que de demandeurs qualifiés pour les atteindre a doublé, en passant de 15% à 30%. Pour faire face à ces difficultés de recrutement, concentrées dans les métiers techniques, le gouvernement français a introduit en 2008 un décret facilitant l’embauche de travailleurs extra-Européens possédant ces qualifications. Cette note résume les leçons à tirer des effets de cette politique. La réforme a permis aux employeurs d’embaucher davantage dans les métiers cibles et a augmenté le nombre d’emplois pourvus. Elle a donc rempli sa mission de réduction des pénuries. Ceci a entraîné une baisse des salaires au sein de ces métiers, mais cette baisse a touché beaucoup plus les ressortissants étrangers que les employés français. Les entreprises qui étaient préalablement contraintes par les tensions dans ces professions ont accru leur taille et leur chiffre d’affaires, mais ne semblent pas avoir augmenté ni leur productivité ni leur niveau d’investissement en capital. Les effets sur la croissance agrégée du secteur et de la zone d’emploi ont été positifs mais de courte durée, ce qui soulève la question des outils à mettre en œuvre pour pérenniser les bénéfices.

Télécharger la Note IPP n°63 : Immigration qualifiée : une solution face aux pénuries de main d’oeuvre ?

Points clés :

  • L’embauche des travailleurs étrangers dans les métiers cibles a augmenté de plus de 50% grâce à la réforme, l’embauche des travailleurs français est restée inchangée, et l’emploi total dans ces professions a augmenté d’environ 1,4%.
  • Le salaire moyen des travailleurs étrangers dans les métiers cibles a baissé de 3,3% alors que le salaire moyen des français dans ces mêmes occupations n’a pas changé. Le salaire à l’embauche des étrangers a baissé de 14% et celui des Français de 7%.
  • En moyenne, les entreprises touchées par la réforme ont connu une augmentation de leur taille d’environ 1,4%, ainsi que de leur chiffre d’affaires et leur valeur ajoutée de 1,3%. Il n’y a pas eu d’effet significatif sur la productivité ni sur l’investissement en capital.

Financements : Cette étude a reçu le soutien financier de la Chaire Travail de PSE-École d’économie de Paris, et a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme Investissement d’avenir portant la référence ANR-10-EQPX-17 (Centre d’accès sécurisé aux données – CASD).