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(Note IPP n°64) De Guangzhou à Naples : exportations françaises de déchets plastiques

29 avril 2021 – L’Institut des politiques publiques (PSE/GENES) publie ce jour une Note (n°64) sur l’impact possible, au regard de l’expérience Chinoise de 2017, de nouvelles réglementations européennes visant à réduire considérablement les exportations européennes de déchets plastiques.

Auteurs : Julien Martin, Isabelle Mejean, Ines Picard, Benoît Schmutz

Contacts : isabelle.mejean@polytechnique.edu, benoit.schmutz@polytechnique.edu

Résumé : Dans cette note nous étudions l’adaptation des exportateurs français de déchets plastiques à une baisse soudaine de la demande mondiale pour ces produits. Nous utilisons pour cela l’expérience fournie par la décision de la Chine d’interdire les importations de déchets plastiques en 2017. Après l’interdiction, on observe une forte augmentation des exportations vers d’autres pays asiatiques, mais cette réorientation semble de courte durée, contrairement à celle vers l’UE. En outre, l’évolution de la structure des exportations françaises suggère une forme de polarisation des flux de déchets plastiques entre destinations. Au vu de ces résultats, nous examinons l’impact possible de nouvelles réglementations mises en place par l’UE dont le but est de réduire considérablement les exportations européennes de déchets plastiques.

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Points clés :

  • Depuis le 1er janvier 2021, la Commission européenne i) interdit les exportations de déchets plastiques difficiles à recycler vers les pays non-membres de l’OCDE, et ii) a mis en place une « procédure de notification et de consentement écrits préalables » pour toutes les autres transactions concernant des déchets dangereux ou difficiles à recycler.
  • Cette réglementation s’apparente à un choc de demande pour les producteurs européens des déchets plastiques.
  • Nous examinons l’impact potentiel de ce choc en utilisant des données provenant d’une expérience naturelle comparable, à savoir l’interdiction chinoise d’importer des déchets plastiques en 2017.
  • Avant l’interdiction, la Chine importait 85% du volume des déchets plastiques commercialisés sur les marchés internationaux. En 2018, lorsque la Chine a complètement banni l’importation de ces déchets, le volume global du commerce mondial a diminué de 55% mais une partie substantielle des flux de commerce a été réorientée vers d’autres pays que la Chine.
  • Les exportateurs français confrontés directement à l’interdiction chinoise ont augmenté leurs exportations vers d’autres pays, notamment la Malaisie et la Turquie, mais aussi au sein de l’UE, vers l’Espagne par exemple.
  • Les données semblent indiquer une spécialisation du commerce intra-UE après l’interdiction : certains pays comme l’Allemagne et la Belgique absorbent des déchets plastiques de qualité relativement basse, alors que d’autres pays, l’Espagne et l’Italie, importent des produits plus chers.
  • Une telle spécialisation peut s’avérer efficace, même si certains éléments d’actualité laissent à penser qu’une partie de ces effets s’explique par le développement d’activités illégales.
  • La résorption du choc de débouchés induit par la réglementation européenne de 2021 appelle des investissements immédiats dans les capacités de tri et de recyclage afin d’éviter le développement du commerce illégal.

Financements : Les auteurs remercient pour leur soutien le programme Investissements d’Avenir (ANR-11-IDEX0003/Labex Ecodec/ANR-11-LABX-0047), le Conseil européen de la recherche (CER) dans le cadre du Programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne (convention de subvention n°714597), et la Chaire de recherche sur l’impact local des multinationales de l’UQAM.


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