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Quel âge de départ à la retraite après quel métier ?

Dans un nouveau billet de blog publié ce jeudi 10 avril, accompagné d’une infographie animée dédiée, commente une analyse statistique inédite de l’âge de départ à la retraite selon la profession.

Les débats souvent vifs sur l’âge de départ s’appuient sur de très grandes catégories et quelques cas-types. Malgré la grande richesse de données statistiques disponibles, il n’existait pas d’informations sur les âges de départ par métier. Patrick Aubert vient combler ce manque avec la mise à disposition d’une nouvelle base de données, établie à partir des enquêtes “Emploi” de l’Insee.

L’âge moyen de départ à la retraite qui est calculé correspond à l’âge dit « conjoncturel » : il s’agit, pour chaque profession, de l’âge moyen de départ à la retraite d’une génération fictive qui aurait, à chaque âge, la probabilité d’être à la retraite observée en 2022-2023 parmi toutes les personnes qui exercent ou ont exercé cette profession. La période d’observation va du deuxième trimestre de 2022 au troisième trimestre de 2023, c’est-à-dire la période qui se situe juste après la pleine montée en charge de la réforme des retraites de 2010, mais juste avant que les premiers effets de celle de 2023 commencent à se faire sentir. Sur cette période, l’âge minimal légal est ainsi de 62 ans (des départs anticipés restant possibles avant cet âge dans le cadre de dispositifs de départ anticipé) et l’âge d’annulation de la décote (c’est-à-dire d’obtention automatique du taux plein, même en cas de carrière incomplète) de 67 ans.

Quels enseignements tirer de ce travail statistique inédit et exhaustif ?

Le premier enseignement fait écho à des publications antérieures du même auteur : ce sont parmi les niveaux de qualifications intermédiaires qu’on observe les départs le plus tôt, tandis que la plupart des métiers peu ou à l’inverse très qualifiés partent généralement à la retraite plus tard. Ainsi, ce sont bien ces catégories de qualification intermédiaire qui sont a priori les plus touchées par la réforme de 2023.

L’âge moyen élevé de départ observé pour la plupart des professions d’employés non qualifiés tient ainsi, vraisemblablement, au fait qu’elles sont exercées principalement par des femmes dont la carrière a été interrompue (sans doute pour élever leurs enfants) et qui doivent donc attendre l’âge d’annulation de la décote de 67 ans pour liquider leurs droits à taux plein

Pour certaines professions, ce sont des possibilités spécifiques de départ anticipé directement liées au métier qui expliquent l’âge moyen de départ à la retraite plus bas – notamment pour des métiers classés (ou anciennement classés) en catégories dites « actives » dans la fonction publique (infirmiers, aides-soignants, policiers…), ou qui s’exercent principalement dans certains régimes spéciaux (conducteurs de train…), ou encore qui bénéficient d’une reconnaissance automatique d’incapacité (dockers…). Dans la plupart des cas néanmoins, les disparités observées ne tiennent pas au métier lui-même (puisque les mêmes règles s’appliquent à tous) mais aux caractéristiques des personnes qui les exercent.

Dans certaines professions où l’âge moyen de départ est élevé, une grande partie des assurés ont en réalité cessé de travailler plusieurs années avant la liquidation de leurs droits à la retraite. L’opposition est, là, assez nette selon le niveau de qualification : quasiment toutes les professions d’ingénieurs et cadres ou de techniciens passent plus de 80 % de la durée entre 50 ans et leur départ à la retraite en emploi, tandis que la proportion est plus faible (et parfois inférieure à 60 %) parmi les professions moins qualifiées.
Concernant les inégalités de genre, il n’apparaît pas de corrélation nette entre la proportion de femmes dans une profession et l’âge moyen de départ.

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