Note IPP n°93 - Juillet 2023

Confiance en soi et choix d’orientation sur Parcoursup : Enseignements d’une intervention randomisée

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Contexte et enjeux

Il existe de fortes inégalités d’accès à l’enseignement supérieur aujourd’hui en France. En particulier, l’accès aux formations prestigieuses et aux professions les mieux payées varie considérablement selon le genre et l’origine sociale. Cette note s’intéresse à un facteur potentiellement clé dans les choix d’orientation des lycéens : leur niveau de confiance en soi.

Présentation

Pour étudier le rôle joué par la confiance, cette étude aborde trois questions.

  1. Existe-t-il des écarts de confiance en soi en fonction du genre et de l’origine sociale des élèves ?
  2. Quel est l’impact de ces écarts de confiance sur les candidatures et admissions dans l’enseignement supérieur ?
  3. Une intervention qui vise à corriger le manque ou l’excès de confiance peut-elle réduire le rôle joué par la confiance en soi dans les candidatures et admissions dans l’enseignement supérieur, et in fine les inégalités selon l’origine sociale et le genre ?

Résultats clés

  • Parmi les meilleurs élèves, les filles et les élèves d’origine sociale défavorisée ont nettement moins confiance en eux que les garçons et les élèves d’origine sociale favorisée.
  • La confiance en soi des élèves est fortement associée avec la sélectivité des formations auxquelles les élèves se portent candidats, et avec la probabilité qu’ils postulent à une CPGE.
  • Une intervention simple qui informe les élèves sur leur position dans la distribution des notes annule entièrement le rôle joué par la confiance dans les choix d’orientation.
  • L’intervention comble 95 % de l’écart initial dans la probabilité d’admission en CPGE entre élèves d’origine sociale favorisée et défavorisée, et 72 % de l’écart entre filles et garçons.

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Auteurs

  • Camille Terrier est professeure à l’université de Queen Mary à Londres et chercheuse affiliée à l’Institut des politiques publiques
  • Renke Schmacker est postdoctorant à HEC Lausanne
  • Rustamdjan Hakimov est professeur à HEC Lausanne

Méthode et données

Pour mesurer la confiance en soi des élèves, les auteurs ont mené une enquête auprès de 2034 élèves de terminale au cours des trois semaines qui précèdent la date limite de soumission des vœux sur Parcoursup en 2021. Les auteurs utilisent une mesure de confiance en soi communément utilisée et validée dans la littérature en économie expérimentale (Niederle et Vesterlund, 2007; Buser, Niederle et Oosterbeek, 2014; Dargnies, Hakimov et Kübler, 2019; Mobius et al., 2011).

Ils ont ensuite apparié les données de leur enquête avec les données administratives de Parcoursup, qui contiennent notamment les vœux soumis par les élèves, les propositions reçues, et le choix final réalisé. Le rang relatif perçu par les élèves étant mesuré dans les trois semaines précédant la date limite de soumission des vœux, ces données permettent d’analyser le lien entre confiance en soi et vœux exprimés.

Les auteurs s’intéressent à plusieurs caractéristiques des choix réalisés, notamment si un élève a candidaté à une classe préparatoire (CPGE), un indicateur utile pour détecter l’autocensure parmi les meilleurs élèves. Ils s’intéressent également à la sélectivité des formations classées par les candidats mesurées par les notes moyennes que les élèves admis dans ces formations ont obtenues au baccalauréat.

Les auteurs ont enfin conçu une intervention simple qui consiste à indiquer aux élèves leur position réelle dans la distribution nationale des moyennes générales de terminale. Pour les élèves qui sous-estiment initialement leur rang, cette information corrige à la hausse leur perception de rang. Inversement, pour les élèves qui surestiment initialement leur rang, elle révise leur perception à la baisse. Les élèves qui reçoivent cette information ont été tirés au sort afin de pouvoir mesurer l’effet causal sur les choix d’orientation.

Remerciements

Les auteurs remercient la Sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI-SIES) d’avoir mis à disposition une partie des données mobilisées dans le cadre de cette étude.

Partenaire

Cette note a bénéficié du soutien de la Chaire Politiques éducative et mobilité sociale. Créée en 2021 dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Ardian, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) et PSE-École d’économie de Paris, cette chaire vise à promouvoir la recherche de haut niveau et la diffusion des connaissances sur les politiques éducatives et la mobilité sociale.

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