Résumé
Les âges effectifs de départ à la retraite ont fortement augmenté au cours de la décennie 2010, et ce dans toutes les catégories sociales. Cette hausse ne s’explique pas seulement par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62 ans programmé lors de la réforme de 2010 : elle tient aussi à d’autres facteurs, comme la forte diminution des départs anticipés à la retraite avant 60 ans. Cette note dresse un état des lieux de l’exposition actuelle de chaque catégorie aux différents leviers de réforme envisageables. Même si les catégories plus qualifiées partent en moyenne un peu plus tard à la retraite, la majorité des départs ont lieu avant 65 ans : toutes les catégories seraient donc en grande partie touchées par un relèvement de l’âge d’ouverture des droits après 62 ans. Cependant, au-delà des modalités de départ à la retraite de droit commun, certaines catégories sont particulièrement concernées par des dispositifs spécifiques . Près d’un quart des ouvriers non-qualifiés sont ainsi concernés par l’invalidité juste avant la retraite. Les catégories sociales intermédiaires sont, pour l’instant, davantage concernées par les dispositifs de retraite anticipée que par les règles du droit commun.
Messages clés
- L’âge moyen de départ à la retraite a augmenté d’environ 2 ans au cours des 10 dernières
années, et ce de façon assez homogène dans toutes les catégories sociales. - Le débat public se centre souvent sur l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite,
mais les départs à cet âge ne représentent qu’une partie des départs à la retraite, et le
relèvement de ce paramètre par la réforme de 2010 n’explique qu’une partie de leurs
évolutions récentes. - Les départs anticipés concernent essentiellement les catégories sociales intermédiaires :
la moitié des professions intermédiaires et des ouvriers et employés qualifiés partent à
la retraite avant 62 ans. - Un ouvrier non qualifié sur quatre était en invalidité ou en situation de handicap juste
avant la retraite, et liquide donc ses droits au titre de l’inaptitude au travail. - Vu l’ampleur de ces situations, le débat préparatoire à la réforme gagnerait donc beaucoup à différencier trois âges légaux d’ouverture des droits chacun méritant une discussion fournie : celui des départs anticipés pour carrière longue (60 ans aujourd’hui), celui qui s’applique aux personnes reconnues inaptes au travail, et l’âge de droit commun pour les personnes non-inaptes.
Méthode et données
Cette note utilise les données de l’enquête Emploi de l’Insee pour détailler ces évolutions, en les différenciant selon les catégories socioprofessionnelles et le diplôme.
Auteur
Patrick Aubert est expert senior à l’IPP, chef du projet « revenus et incapacités », ancien secrétaire général adjoint du Conseil d’orientation des retraites