Mars 2020
Auteurs : Thomas Breda, Paul Dutronc-Postel, Joyce Sultan, Maxime Tô
Contact : thomas.breda@ens.fr, paul.dutronc@ipp.eu
Financeur principal : Programme droits, égalité et citoyenneté de l’Union Européenne (2014-2020) (projet GenPensGap – 820786)
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Inégalités femmes-hommes au sein des entreprises : que mesure l’index de l’égalité professionnelle ?
Résumé :
En 2016, dans les entreprises privées de 50 salariés et plus, le salaire horaire moyen des femmes était inférieur de 19 % à celui-ci des hommes. Une fois pris en compte l’effet de l’âge et des catégories socio-professionnelles, l’écart salarial subsistant est de 12 %. Le gouvernement français a pris, en septembre 2018, un ensemble de mesures visant à réduire ces inégalités. Parmi elles, l’index d’égalité professionnelle doit ainsi être calculé et publié par toutes les entreprises privées de plus de 50 salariés à partir du 1er mars 2020. Il s’agit pour les entreprises d’obtenir une valeur minimale à cet index, à défaut de quoi elles s’exposent à des sanctions. L’index regroupe de manière synthétique plusieurs indicateurs portant chacun sur un aspect important des inégalités professionnelles femmes-hommes, et calculés à partir de la situation professionnelle des femmes et des hommes salariés dans les entreprises. À partir de données administratives, nous calculons de manière approchée les indicateurs composant l’index pour l’ensemble des entreprises françaises et proposons un panorama de l’ampleur des inégalités professionnelles femmes-hommes mesurées au niveau des entreprises. Nous documentons également les effets de certains choix méthodologiques retenus pour le calcul de l’index, et suggérons des alternatives possibles. Ces alternatives pourraient permettre de mieux cibler les entreprises ayant de fortes inégalités femmes-hommes.
Points clés :
- Il existe de grandes disparités d’inégalités professionnelles femmes-hommes entre entreprises. Dans 50 % des entreprises de 50 salariés et plus, les femmes gagnent en moyenne au moins 5,8 % de moins que les hommes.
- 15,2 % des entreprises ne comptent aucune femme parmi leurs 10 plus hautes rémunérations horaires. 17,9 % n’en comptent qu’une seule.
- Le taux d’augmentation salarial des femmes est en moyenne plus faible que celui des hommes. Ces résultats moyens cachent cependant de vastes disparités entre entreprises.
- Malgré l’inclusion de plusieurs dimensions d’inégalités, l’index pourrait être amélioré, en prenant par exemple en compte la représentation globale des femmes et des hommes dans l’entreprise.
- En opérant des corrections ad hoc, l’index tend à sous-estimer les inégalités salariales, et ne donne aucune incitation à les réduire au sein des groupes de salariés pour lesquels elles sont inférieures à 5%.
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