Note IPP n°14
Décembre 2014
Auteur : Camille Terrier
Contacts: camille.terrier@ipp.eu, julien.grenet@ipp.eu
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Un coup de pouce pour les filles ? Les biais de genre dans les notes des enseignants et leur effet sur le progrès des élèves
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Résumé:
À l’entrée au collège, les résultats des filles sont meilleurs que ceux des garçons en français, mais moins bons en mathématiques. Ces écarts de réussite s’estompent au court du temps en mathématiques, de telle sorte qu’en fin de troisième les filles réussissent aussi bien que les garçons. Cette note IPP contribue à expliquer ces différences de réussite et leur évolution au cours du temps en répondant à deux questions importantes : existe-t-il des biais dans les notes attribuées par les enseignants en fonction du genre des élèves ? Ces biais influencent-ils le progrès des filles par rapport à celui des garçons ?
À l’aide de notes attribuées de façon anonyme et non-anonyme à des élèves de sixième de l’académie de Créteil, l’analyse fait apparaître une discrimination positive envers les filles en mathématiques et une absence de biais en français : à niveau (mesuré anonymement) identique, une fille reçoit de meilleures notes de son enseignant de mathématiques qu’un garçon. Le comportement moins perturbateur des filles en classe ne semble pas expliquer ce « coup de pouce ». Dans un second temps, nous montrons qu’en mathématiques, les classes dans lesquelles les enseignants présentent les biais les plus élevés en faveur des filles sont aussi les classes dans lesquelles les filles progressent le plus relativement aux garçons. Ce nouveau résultat est compatible avec les recherches qui montrent que les méthodes de notation influencent la motivation et les progressions des élèves et il fournit une explication à la réduction des écarts de réussite observés entre fille et garçons en mathématiques durant le collège.
Points clés:
- Dans notre échantillon, les notes des enseignants de mathématiques font apparaître un biais en faveur des filles, qui obtiennent en moyenne des notes 6 % plus élevées que celles des garçons présentant des caractéristiques similaires en 6e. Aucun biais n’est observé en français.
- Le comportement moins perturbateur des filles en classe n’est pas à l’origine de ce «coup de pouce ».
- En mathématiques, les classes dans lesquelles les enseignants présentent les plus forts degrés de discrimination positive au bénéfice des filles sont aussi les classes dans lesquelles les filles progressent le plus relativement aux garçons. En l’absence de discrimination positive dans la notation, les filles n’auraient pas progressé plus que les garçons, et le rattrapage opéré par les filles n’aurait pas eu lieu.
Reprises presse
- Le Monde, « L’école peut-elle vraiment vivre sans notes ?« , par Mattea Battaglia – 13 décembre 2014
- Le Monde – les Décodeurs, « A Normale ou en 6e, les filles sont mieux notées en sciences que les garçons » par Mathilde Damgé – 16 décembre 2014
- RMC – les Décodeurs du Monde / Education, « Les filles sont-elles moins bien notées que les garçons en mathématiques ? » – 17 décembre 2014
- Café pédagogique, « Quand les études de genre révolutionnent l’évaluation » par F. Jarraud – 17 décembre 2014
- Digischool, « Notation: les filles plus avantagées que les garçons » par Clément Degott – 18 décembre 2014
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