Note IPP n°94 - septembre 2023

Options attractives et ségrégation entre classes : quels effets de la suppression des sections bilangues et européennes à la rentrée 2016 ?

jeune étudiante entourée de drapeaux de pays européens (note 94)

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Présentation

La mise en place de cours optionnels, tels que les sections bilangues ou européennes, a-t-elle des conséquences sur la ségrégation sociale qui prévaut entre les classes d’un même établissement scolaire ? La question se pose alors que l’implantation d’options dans certains collèges défavorisés constitue l’un des leviers mobilisés par le ministère de l’Éducation nationale en cette rentrée pour rendre ces établissements plus attractifs auprès des familles socialement favorisées et ainsi renforcer la mixité sociale. Afin de donner des éléments de réponse, cette note évalue l’impact de la suppression des sections bilangues et des sections européennes à la rentrée 2016 sur le niveau de ségrégation entre les classes des collèges concernés par cette réforme.

Résultats clés

  • En France, le niveau de ségrégation sociale entre les classes de sixième d’un même collège dépasse de 29 % la valeur qui serait observée si les élèves étaient répartis de manière aléatoire entre les classes.
  • À la rentrée 2016, la suppression des sections bilangues a entraîné une diminution de 53 % (classes de sixième) de ce surplus de ségrégation dans les établissements concernés par cette réforme.
  • La suppression des sections européennes a entraîné une diminution de 33 % (classes de quatrième) du surplus de ségrégation.
  • Dans une grande partie des établissements proposant des sections bilangues et européennes, les écarts de composition sociale entre classes sont du même ordre que ceux observés dans les collèges qui ne proposent pas ces sections. Cela suggère qu’il est possible de proposer des cours optionnels attractifs tout en limitant la ségrégation intra-établissement.

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Auteur

Youssef Souidi est chercheur postdoctorant au CNRS et à l’Université Paris Dauphine-PSL.

Cette note est issue de sa thèse de doctorat « Politiques d’affectation scolaire, ségrégation sociale et compétences des élèves : essais sur le système scolaire français », thèse de doctorat réalisée sous la direction de Julien Grenet (CNRS et PSE) et Élise Huillery (Paris Dauphine-PSL et ENS-PSL) à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (2022).

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Méthode et données

Les données anonymisées du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, mises à disposition par la Direction de l’Évaluation de la Prospective et de la Performance (MENJ-DEPP) pour les besoins de cette étude, permettent d’identifier au cours du temps les collèges proposant les sections bilangues et européennes. En particulier, elles renseignent pour chaque année scolaire les options suivies par l’ensemble des élèves scolarisés dans les collèges publics et privés sous contrat, la classe à laquelle ils sont affectés ainsi que la catégorie sociale de leurs responsables légaux.

Dans cette étude, l’origine sociale d’un élève est mesurée à partir de la profession et catégorie socio-professionnelle (PCS) de son responsable légal. L’auteur calcule pour chaque établissement un indice de ségrégation entre ses classes. Pour cela, il tire partie du fait qu’il est possible de connaître la composition sociale effective des classes d’un établissement, mais également de savoir quelles autres compositions auraient pu exister dans ce même établissement, si les principaux des collèges avaient opté pour une affectation différente des élèves entre les classes de leur établissement. Il simule, pour chaque collège, 500 répartitions aléatoires des élèves entre les classes, en tenant compte des contraintes de capacité, et mesure le niveau de ségrégation intra-établissement résultant de chacune de ces répartitions.

Remerciements

Ce travail de recherche a été rendu possible par l’accès aux données de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Il a d’abord été mené dans le cadre d’un mémoire de recherche dirigé par Marc Gurgand (CNRS, PSE et ENS-PSL), à l’École d’économie de Paris. Il a ensuite été poursuivi dans le cadre d’une thèse financée par la Ville de Paris, à travers une Convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE), ainsi que par la chaire Politiques éducatives et mobilité sociale.

Partenaire

Cette note a bénéficié du soutien de la Chaire Politiques éducative et mobilité sociale. Créée en 2021 dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation Ardian, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) et PSE-École d’économie de Paris, cette chaire vise à promouvoir la recherche de haut niveau et la diffusion des connaissances sur les politiques éducatives et la mobilité sociale.

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