Note IPP n°96 - novembre 2023

Perte d’autonomie des personnes âgées : quels besoins et quels coûts pour accompagner le virage domiciliaire?

une femme âgée marche avec une canne, aidée par une jeune femme

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Citer
P. Mendras. Perte d’autonomie des personnes âgées : quels besoins et quels coûts pour accompagner le virage domiciliaire. Novembre 2023. Note IPP n°96.

Présentation

En 2021, près de 2 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus déclarent être limitées dans les activités de la vie quotidienne (11 %) et 1,3 million sont bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA, 7,5 %). L’allongement de la durée de vie vers des âges où la probabilité de perdre son autonomie augmente, devrait induire une progression du nombre de personnes âgées dépendantes et de bénéficiaires de l’APA dans les années à venir. Cette augmentation est estimée par la DREES à plus de 350 000 bénéficiaires de l’APA supplémentaires d’ici à 2040, soit une augmentation de 29 % par rapport à 2020.

Face à ces dynamiques, se pose la question des besoins d’accompagnement que ces personnes âgées nécessiteront et du financement public à provisionner pour la prise en charge de la perte d’autonomie.
Cette note propose plusieurs scénarios d’évolution des dépenses publiques de prise en charge de la perte d’autonomie et estime les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à l’accompagnement des personnes âgées d’ici à 2040, dans trois différents lieux de vie.

Résultats clés

  • Face aux prévisions d’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes et dans
    l’optique d’un « virage domiciliaire », les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à
    la prise en charge de la perte d’autonomie à domicile et en Ehpad devraient augmenter
    respectivement de 42 % et de 14 % d’ici à 2040 par rapport à 2020.
  • À politique publique de prise en charge inchangée, l’augmentation du nombre de bénéficiaires
    de l’APA conduirait à une hausse de 30 % des dépenses totales d’APA entre 2020 et 2040.
  • Mais le « virage domiciliaire » signifie que vivront à domicile des personnes aux besoins
    plus importants qu’aujourd’hui : il nécessitera des revalorisations des salaires pour permettre
    le recrutement de professionnels. En intégrant ces changements, la dépense totale d’APA augmenterait de 4,8 milliards d’euros d’ici à 2040, soit 80 % par rapport à 2020 (en euros réels).
  • Ces nouveaux besoins pourraient également se traduire par une diminution de la sousexécution
    des plans d’aide d’APA notifiés. En supposant que les plans d’aide notifiés sont exécutés en totalité, les dépenses d’APA pourraient quasiment doubler entre 2020 et 2040 pour atteindre 12,4 milliards d’euros.
  • A l’horizon 2040, une politique d’accompagnement du virage domiciliaire de ce type
    coûterait 4,6 milliards d’euros de plus que celle à prise en charge inchangée, soit 60 %
    de plus.

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Autrice

Pauline Mendras est économiste à l’Institut des politiques publiques

Méthode et données

Les simulations proposées dans la note sont obtenues à partir des projections issues du modèle LIVIA de la DREES, visent à apporter des éléments chiffrés aux conditions d’un « virage domiciliaire » réussi.

Elles sont disponibles sur le site de l’IPP sous deux formes : une maquette de calcul et une application RShiny qui permettent de simuler les variations des dépenses et des effectifs d’aides professionnelles selon plusieurs hypothèses modifiables.

Ces projections se fondent uniquement sur des données agrégées au niveau départemental issues du modèle LIVIA, qui sera mis à jour par la DREES en 2024, à partir des nouvelles projections de perte d’autonomie au niveau départemental réalisées par l’Insee. La DREES publiera alors de nouvelles projections de besoins et de coûts de la prise en charge, à partir cette fois-ci de données individuelles

Partenaires

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un contrat de recherche avec la Direction du financement de l’offre de la CNSA intitulé « Enjeux d’équité territoriale des concours APA et PCH aux départements ».

avec le soutien de la CNSA