Perspectives budgétaires - juin 2025 - chapitre 4

Taille des classes et inégalités territoriales : quelle stratégie face à la baisse démographique?

Cette étude a été présentée lors de la conférence budget du 30 juin.

Présentation

La baisse quasi continue de la natalité en France depuis 2010 entraîne une diminution marquée des effectifs d’élèves dans le premier degré, qui se prolongera pendant au moins une décennie. Dans un contexte de contraintes sur les finances publiques, cette évolution pose la question d’un ajustement de la dépense éducative : faut-il réduire le nombre d’enseignants pour réaliser des économies budgétaires, ou saisir cette opportunité pour améliorer les conditions d’apprentissage en réduisant la taille des classes ? Ce chapitre explore les enjeux de ce choix à partir de données détaillées et de simulations prospectives. L’étude met en lumière les arbitrages économiques associés à différents scénarios de gestion des effectifs enseignants, et souligne les risques d’accentuation des disparités territoriales en matière de taille des classes si la répartition des enseignants ne fait pas l’objet d’une planification coordonnée.

Résultats clés

  • Les effectifs du premier degré ont déjà diminué de 8 % entre 2015 et 2024 et devraient reculer de 19% supplémentaires d’ici à 2034, avec de fortes disparités selon les territoires.
  • Malgré les dédoublements en éducation prioritaire, les classes françaises restent parmi les plus chargées d’Europe, alors que les recherches soulignent les bénéfices d’un meilleur taux d’encadrement sur les performances scolaires et les salaires futurs, notamment pour les élèves les plus défavorisés.
  • À taille de classe constante, la baisse démographique permettrait de supprimer environ 50 000 postes d’enseignants d’ici à 2034, réduisant la dépense publique annuelle d’environ 3,4 MdC à cet horizon.
  • À long terme, cette option serait toutefois moins rentable socialement qu’un maintien des effectifs enseignants, qui ferait passer la taille moyenne des classes de 22,4 à 18,2 élèves entre 2024 et 2034, pour un gain économique estimé à 4,5 MdC et un supplément de recettes fiscales d’environ 2,9 MdC.
  • Pour corriger les inégalités territoriales d’encadrement, cette stratégie devrait s’accompagner d’une réallocation ciblée des enseignants, qui pourrait être obtenue en plafonnant la taille des classes à 12 élèves en éducation prioritaire et en modulant la taille des classes hors éducation prioritaire en fonction du profil social des départements.

Lire l’étude (annexes incluses)

Accéder aux données sous-jacentes

Auteurs

  • Pauline Charousset est économiste senior à l’IPP.
  • Julien Grenet est directeur de recherche au CNRS, professeur à l’École d’économie de Paris et responsable du pôle Éducation à l’IPP.
  • Nina Guyon est maîtresse de conférences à l’ENS-PSL, professeure à l’École d’économie de Paris et économiste senior à l’IPP.
  • Youssef Souidi est économiste senior à l’IPP et chercheur associé au CREST.

Remerciements

Les auteurs remercient la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP) pour la mise à disposition des données mobilisées dans le cadre de cette étude.