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L’ évitement scolaire : un effet« boomerang » de la labélisation en politique de la ville ?

Le pôle éducation de l’Institut des politiques publiques publie ce mercredi 16 octobre une nouvelle étude sur les mécanismes d’évitement scolaire.

ville séparée en 2, tours HLM d'un côté, zone pavillonnaire de l'autre

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Présentation de l’étude

Dans cette étude, les autrices, Manon Garrouste (professeur à l’Université Paris-Saclay et chercheuse affiliée à l’IPP) et Miren Lafourcade (professeur à l’Université Paris-Saclay et chercheuse affiliée à PSE et à l’IPP), se sont intéressées aux effets de la politique de la ville sur les choix d’établissement scolaires.

Cette politique permet d’attribuer des moyens supplémentaires à des zones défavorisées, appelées “quartiers prioritaires” depuis 2014, dont le revenu est situé sous le seuil de pauvreté. Mais elle peut aussi en contrepartie créer des effets de labellisation de nature à stigmatiser les établissements situés dans les zones ciblées.

Cette stigmatisation territoriale est analysée sous le prisme de l’évitement scolaire des collèges publics situés dans les quartiers périmétrés par la politique de la ville.

Résultats clés

  • Les collèges publics des quartiers entrés dans le périmètre la politique de la ville ont connu une hausse de l’évitement scolaire par rapport aux collèges des quartiers contrefactuels situés au-dessus du seuil de pauvreté.
  • À l’entrée en 6e, la proportion d’élèves scolarisés dans ces collèges a ainsi diminué de 3,5 points de pourcentage en moyenne, soit environ 6 élèves en moins relativement aux collèges contrefactuels
  • Cet évitement scolaire a concerné toutes les familles, mais les catégories socio-professionnelles plus modestes se sont davantage tournées vers les collèges publics et les catégories plus favorisées davantage vers les collèges privés.
  • À l’inverse, la sortie d’un quartier du périmètre de la politique de la ville n’implique pas de hausse de la scolarisation dans le collège de secteur. La stigmatisation territoriale créée par ces effets de labellisation apparaît donc peu réversible.

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Notabene

La politique publique évaluée ici est celle de la géographie prioritaire et non de l’éducation prioritaire. Ces deux types de dispositifs se superposent sur le territoire. L’éducation prioritaire, qui dépend du ministère de l’Education nationale, fournit des moyens supplémentaires à des établissements scolaires identifiés comme socialement et scolairement défavorisés, dans l’objectif de réduire les écarts de performance scolaire. La politique de la ville, qui est inter-ministérielle, fournit des moyens supplémentaires à des quartiers identifiés comme économiquement défavorisés. La géographie prioritaire cible des quartiers, tandis que l’éducation prioritaire cible des établissements scolaires, dont certains sont aussi potentiellement situés dans le périmètre de la politique de la ville. Dans les deux cas, il s’agit de dispositifs qui visent, in fine, à aider les résidents et les élèves scolarisés défavorisés.

Cette note s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche financé par l’ANR (ANR-21-CE28-0004 ILSESD) et a bénéficié du soutien de la Chaire Politiques éducatives et mobilité sociale.