9 juin 2021 – L’Institut des politiques publiques (PSE/GENES) publie ce jour une Note (n°70) sur les Prêts garantis par l’État octroyés courant 2020. Afin de dresser un bilan complet de ce dispositif – et grâce à des données administratives très détaillées – les auteurs évaluent le taux de recours des entreprises françaises (par typologie, secteur…), le taux d’endettement brut et l’évolution des investissements, et mettent en lumière in fine la capacité de remboursement de ces prêts par les bénéficiaires.
Auteurs : Laurent Bach, Nicolas Ghio, Arthur Guillouzouic, Clément Malgouyres
Contacts : arthur.guillouzouic@ipp.eu, clement.malgouyres@ipp.eu
Cette note est basée sur une étude publiée en français en avril 2021 sous la forme d’un Rapport IPP (n°32), commandité par la commission des finances du Sénat : « Rapport d’évaluation de la contrainte pour les entreprises du remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) » (Auteurs : Laurent Bach, Nicolas Ghio, Arthur Guillouzouic et Clément Malgouyres).
Télécharger la Note IPP n°70 : « Les Prêts garantis par l’État (PGE) vont-ils pouvoir être remboursés ?«
Résumé : Lors de la crise sanitaire, l’État a mis en place un système de prêts garantis visant à faire face à un contexte de très forte incertitude. Les prêts ont été octroyés aux entreprises par les banques, l’État garantissant une part du montant qui dépendait de la taille de l’entreprise. Les PGE ont été plébiscités par les entreprises françaises lors de l’année 2020, avec des taux de recours très élevés y compris parmi les plus grandes entreprises. Ces prêts ont pris une telle ampleur que l’on a pu craindre que pour une grande partie des entreprises la charge de la dette devienne rapidement insoutenable. Dans cette note, nous évaluons la capacité de remboursement de ces prêts par les bénéficiaires, grâce à des données administratives très détaillées. Les entreprises qui ont pris part au dispositif figurent souvent parmi les plus touchées par la crise sanitaire, mais les banques en ont exclu celles qui étaient particulièrement peu rentables avant la crise, tandis que les plus rentables ont été moins demandeuses. L’analyse des bilans des entreprises indique, comme on pourrait s’y attendre, que l’endettement brut des bénéficiaires a très fortement augmenté. Cependant, cela ne s’est en réalité pas accompagné d’une augmentation de l’endettement net à des niveaux alarmants, parce que certains bénéficiaires ont reçu par ailleurs d’autres subventions et que d’autres n’ont fait appel au dispositif PGE que par précaution. Jusqu’à la fin de l’année 2020, la capacité d’investissement des bénéficiaires ne semblait en outre pas avoir été entamée par rapport aux entreprises qui n’avaient pas eu recours au PGE. Enfin, les taux de faillite se sont révélés à la même date particulièrement bas pour les participants au dispositif PGE, y compris dans les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. Tous ces éléments indiquent une bonne capacité de remboursement, pourvu bien sûr que les conditions macroéconomiques poursuivent leur trajectoire de rétablissement.
Points clés :
- Un tiers des entreprises françaises ont eu recours au dispositif, une fréquence de recours dix fois plus élevée que pour les programmes disponibles lors de la crise de 2008-2009. Dans les secteurs les plus touchés par la crise, le taux de recours a dépassé 50 %.
- Le taux d’endettement brut des bénéficiaires du PGE a augmenté de près de 10 points, mais le taux d’endettement net est resté stable.
- L’investissement a chuté au premier semestre 2020, puis est remonté par la suite au même rythme parmi les bénéficiaires et non-bénéficiaires de PGE.
- La probabilité de faillite sur la période allant jusqu’à mars 2021 est inférieure à 1 % parmi les bénéficiaires, y compris parmi ceux qui ont subi la plus forte chute de chiffre d’affaires. La probabilité de faillite est plus de deux fois plus élevée parmi les entreprises n’ayant pas eu recours à un PGE.
- Sur la base de la faible probabilité de faillite des détenteurs d’un PGE, ainsi que de la trajectoire des taux observés sur les marchés obligataires européens, notre analyse implique que le coût budgétaire du programme sera modéré.
Reprises presse
- L’Obs, 07/09/2021 – L’Etat va-t-il gagner de l’argent avec les PGE ?
- La Tribune, 05/07/2021 – Moins gourmandes en PGE, les ETI sont prêtes à retrouver l’activité d’avant crise dès cette année
- Le Monde, 10/06/2021 – Pour l’Etat, la facture des PGE sera moins importante que redouté
- BFM, 09/06/2021 – Les PGE n’ont pas fait augmenter le risque de surendettement des entreprises bénéficiaires