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(Note IPP n°41) Perspectives sur le programme de dons croisés de reins en France

Note IPP n°41

Juin 2019

Auteurs : Julien Combe*, Victor Hiller*, Olivier Tercieux*, Benoît Audry, Yinghua He, Christian Jacquelinet, Marie-Alice Macher

Contact : j.combe@ucl.ac.uk, victor.hiller@u-paris2.fr

*Principaux contributeurs

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logo-pdf-minPerspectives sur le programme de dons croisés de reins en France

 

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Résumé :

Beaucoup de pays, dont la France, font face à une augmentation importante du nombre de patients atteints d’une maladie rénale en attente d’une greffe. La pénurie de greffons rénaux a amené certains pays à développer des programmes dits de dons croisés. Ces programmes permettent à des patients ne trouvant que des donneurs incompatibles d’ “échanger” leurs donneurs afin d’obtenir un greffon compatible. En France, le nombre de greffes additionnelles que ce programme a permis d’obtenir est extrêmement limité. Une des raisons principales de cette faible performance est le cadre légal très strict encadrant les dons croisés. A titre d’exemple, la loi stipule qu’un échange ne peut avoir lieu qu’entre deux paires de patients / donneurs.

Dans son rapport de synthèse de juin 2018, le comité consultatif national d’éthique mentionne des pistes de réformes du programme de dons croisés. Le projet de loi sur la révision de la loi de bioéthique devrait être présenté par le gouvernement dans les prochains mois. Il nous a donc semblé important d’évaluer l’impact, en termes de nombre de greffes, que pourrait avoir une modification de la loi si elle autorisait des pratiques plus souples au sein du programme de dons croisés.

Augmenter le nombre de paires patients / donneurs autorisées à être impliquées dans un échange semble, à première vue, un levier efficace pour augmenter le nombre de greffes réalisées mais nous montrons que l’impact d’une telle disposition reste modeste. Une autre piste, qui a fait ses preuves dans d’autres pays, existe : l’autorisation de “chaînes de dons”. Nous montrons qu’autoriser des chaînes de dons, initiées par des donneurs décédés, même à des fréquences modestes, permet de plus que tripler le nombre de greffes.

Points clés:

  • Les chaînes de dons initiées par un donneur décédé sont susceptibles d’augmenter jusqu’à 279% le nombre de patients pouvant bénéficier d’une greffe au sein du programme de dons croisés.
  • En imposant la contrainte qu’une chaîne de dons ne peut démarrer que d’un donneur décédé de “haute qualité”, l’augmentation est de 214%.
  • Les patients sans proche en capacité de leur faire un don et en attente d’un rein d’un donneur décédé ne sont pas pénalisés par cette réforme.
  • Il est souhaitable que la nouvelle loi de Bioéthique autorise ces chaînes de dons afin d’augmenter de façon significative le nombre de greffes. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de lever l’obligation actuellement en vigueur de réaliser les opérations chirurgicales associées aux dons croisés au même moment.

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