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(Note IPP n°79) Les centrales d’achat : quels enjeux de concurrence ?

L’Institut des politiques publiques (PSE/GENES) publie ce jour une Note (n°79) sur les centrales d’achat.

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Contacts : allainml<at>gmail<dot>com, remi<dot>avignon<at>ensae-paristech<dot>fr, claire<dot>chambolle<at>gmail<dot>com, hugomolina<at>hotmail<dot>fr

Résumé : Les négociations commerciales mettent chaque année en lumière les tensions entre la grande distribution et ses fournisseurs, et les pouvoirs publics sont régulièrement appelés à intervenir pour équilibrer les relations. Dans ce contexte, les centrales d’achat, qui permettent à plusieurs distributeurs de négocier en commun avec leurs fournisseurs tout en restant en concurrence pour la vente aux consommateurs, sont susceptibles de renforcer la puissance d’achat des distributeurs.

Deux vagues de formation de centrales d’achat ont eu lieu en France, en 2014 et 2018, et la loi a évolué pour permettre leur contrôle par l’Autorité de la concurrence. Cette note propose une grille d’analyse des effets des centrales d’achat sur l’ensemble du secteur. Après un bref bilan des forces économiques en jeu reposant sur une revue de la littérature, nous présentons les résultats de deux études réalisées par les auteurs de cette note. La première étudie empiriquement les effets des créations de centrales en 2014 en France dans le secteur des eaux embouteillées. Elle montre que les centrales ont modifié le partage des profits au détriment des fournisseurs, mais qu’elles ont également permis une baisse des prix bénéfique aux consommateurs. La seconde étude discute l’efficacité de l’exclusion des marques de distributeurs (MDD) du périmètre des centrales d’achat, qui est préconisée par les autorités de la concurrence pour protéger les petits fournisseurs et maintenir la diversité de l’offre. 

Points clefs de l’étude :

  • Les centrales d’achat, qui permettent aux distributeurs de s’unir dans leurs négociations avec les fournisseurs, sont devenues un enjeu de régulation de la concurrence de premier plan.
  • Une analyse empirique des effets de la formation des centrales d’achat en 2014 sur le secteur des eaux embouteillées met en évidence une baisse de prix de détail de plus de 7 % pour les marques de fabricants vendues par les distributeurs ayant formé une centrale. Cependant, cette baisse de prix s’est accompagnée d’une diminution substantielle du profit des producteurs ainsi que de la valeur engendrée par l’industrie des eaux embouteillées.
  • Une étude théorique met également en évidence les effets néfastes des centrales sur la variété des produits offerts. Elle montre qu’exclure les produits de MDD du champ des centrales d’achat, comme le recommandent les autorités de la concurrence, ne suffit pas à protéger leurs fabricants.

Auteurs :

Marie-Laure Allain, directrice de recherche au CNRS (CREST) et Professeur à l’Ecole Polytechnique, affiliée à l’Institut des politiques publiques.

Rémi Avignon, doctorant au CREST.

Claire Chambolle, directrice de recherche à INRAE, Paris-Saclay Applied Economics, et Professeur chargée de cours à l’Ecole Polytechnique, affiliée à l’Institut des politiques publiques.

Hugo Molina, chargé de recherche à INRAE, Paris-Saclay Applied Economics.