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Perte d’autonomie des personnes âgées: quels besoins et quels coûts pour accompagner le virage domiciliaire?

Le pôle santé-autonomie de l’Institut des politiques publiques publie ce lundi 20 novembre une nouvelle note dédiée aux enjeux du virage domiciliaire.

L’allongement de la durée de vie vers des âges où la probabilité de perdre son autonomie augmente, devrait induire une progression du nombre de personnes âgées dépendantes et de bénéficiaires de
l’APA dans les années à venir. Cette augmentation est estimée par la DREES à plus de 350 000 bénéficiaires de l’APA supplémentaires d’ici à 2040, soit une augmentation de 29 % par rapport à 2020. Face à ces dynamiques, se pose la question des besoins d’accompagnement que ces personnes âgées nécessiteront et du financement public à provisionner pour la prise en charge de la perte d’autonomie.

Cette note propose plusieurs scénarios d’évolution des dépenses publiques de prise en charge de la perte d’autonomie et estime les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à l’accompagnement des personnes âgées d’ici à 2040, dans trois différents lieux de vie.

Ces simulations, obtenues à partir des projections issues du modèle LIVIA de la DREES, visent à apporter des éléments chiffrés aux conditions d’un «virage domiciliaire» réussi. Elles sont disponibles sur le site de l’IPP sous deux formes : une maquette de calcul et une application RShiny qui permettent de simuler les variations des dépenses et des effectifs d’aides professionnelles selon plusieurs hypothèses modifiables

Résultats clés

  • Face aux prévisions d’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes et dans l’optique d’un « virage domiciliaire », les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à la prise en charge de la perte d’autonomie à domicile et en Ehpad devraient augmenter respectivement de 42 % et de 14 % d’ici à 2040 par rapport à 2020.
  • À politique publique de prise en charge inchangée, l’augmentation du nombre de bénéficiaires de l’APA conduirait à une hausse de 30 % des dépenses totales d’APA entre 2020 et 2040.
  • Mais le « virage domiciliaire » signifie que vivront à domicile des personnes aux besoins plus importants qu’aujourd’hui : il nécessitera des revalorisations des salaires pour permettre le recrutement de professionnels. En intégrant ces changements, la dépense totale d’APA augmenterait de 4,8 milliards d’euros d’ici à 2040, soit 80 % par rapport à 2020 (en euros réels).
  • Ces nouveaux besoins pourraient également se traduire par une diminution de la sousexécution des plans d’aide d’APA notifiés. En supposant que les plans d’aide notifiés sont exécutés en totalité, les dépenses d’APA pourraient quasiment doubler entre 2020 et 2040 pour atteindre 12,4 milliards d’euros.
  • A l’horizon 2040, une politique d’accompagnement du virage domiciliaire de ce type coûterait 4,6 milliards d’euros de plus que celle à prise en charge inchangée, soit 60 % de plus.

> Lire la note

Les projections proposées se fondent uniquement sur des données agrégées au niveau départemental issues du modèle LIVIA, qui sera mis à jour par la DREES en 2024, à partir des nouvelles projections de perte d’autonomie au niveau départemental réalisées par l’Insee. La DREES publiera alors de nouvelles projections de besoins et de coûts de la prise en charge, à partir cette fois-ci de données individuelles.

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un contrat de recherche avec la Direction du financement de l’offre de la CNSA intitulé «Enjeux d’équité territoriale des concours APA et PCH aux départements».