Rapport IPP n°20 – Janvier 2019
Auteur : Clément Malgouyres
Contacts : clement.malgouyres@ipp.eu
Présentation :
Cette étude vise à mesurer l’impact du coût du travail sur la compétitivité des entreprises françaises, mesurée par la propension à exporter. Trois réformes visant à alléger le coût du travail sont exploitées : i) le pacte de responsabilité de 2015; ii) le CICE ; et les allègements généraux de 1995, dits allègements Juppé. Aucune des analyses réalisées ne met en évidence d’effets positifs d’une baisse du coût du travail sur les exportations.
Le Pacte de responsabilité 2015 (PR15) a mis en place une baisse du taux de cotisations sociales d’allocations familiales de 1,8 point sur les salaires inférieurs à 1,6 Smic. Sur un ensemble d’entreprises exposées de façon similaire au CICE, nous comparons les entreprises plus ou moins touchées par Pacte de responsabilité. Aucun effet n’est détecté sur les variables de commerce international (valeur exportée, marge extensive, valeur unitaire). Certaines spécifications suggèrent un effet sur l’emploi, les ventes totales et la valeur, mais ces effets restent sensibles à l’année de référence utilisée et ne sont pas considérés comme robustes. En revanche, il apparaît de façon robuste que, en dehors du secteur manufacturier, une forte part de la baisse du coût du travail a été transmise dans le taux de marge (mesuré par le ratio de l’excédent brut d’exploitation par rapport aux ventes). Il faut noter que ces résulats sont obtenus sur un échantillon particulier d’entreprises, qui ne diffèrent pas en termes d’exposition au CICE ou aux allègements généraux de cotisations. De plus, l’analyse met en avant le rôle de l’externalisation de certains services qui introduit vraisemblablement un biais dans la mesure du vrai choc sur le coût du travail que représente le PR15. Bien qu’informatifs sur les liens entre coût du travail et performances des entreprises, les résultats de cette étude doivent être interprétés comme des corrélations davantage que comme des effets causaux. En effet, les trajectoires des entreprises traitées sur la période pré-traitement sont légèrement différentes de celles des entreprises qui font partie du groupe de contrôle.
L’analyse du CICE confirme l’absence d’effet significatif du CICE sur les exportations entre 2013 et 2017. Cette analyse est une simple extension de Malgouyres et Mayer (2018) aux années 2016 et 2017. De plus, en utilisant une spécification proche, nous analysons les effets sur Pacte de responsabilité 2016 qui a étendu la baisse du taux de cotisations sociales d’allocations familiales de 1,8 point sur les salaires inférieurs à 3,5 Smic. Nous ne trouvons pas d’effet sur les exportations. Néanmoins compte tenu du faible recul temporel, nous ne tenons pas cette absence d’effet détecté comme très informative.
L’analyse met en lumière des effets positifs et significatifs de la Ristourne Juppé II sur la performance des entreprises, selon des ordres de grandeur globalement comparables aux résultats de Crépon et Desplatz (2001). Pour autant, les effets sur les variables de commerce international ne sont pas significatifs. Ainsi, même si au sein du secteur manufacturier, les allègements généralisés de cotisations employeurs semblent fortement corrélés avec la création / le maintien d’emplois ainsi que la hausse de la valeur ajoutée, l’analyse ne permet pas de mettre en évidence un effet positif sur la compétitivité internationale.
Alors que (i) coût du travail et performance à l’exportation sont fortement négativement corrélées (voir par exemple Decramer et al., 2016; Malgouyres et Mayer, 2018), (ii) que certains travaux soulignent la réactivité des prix et valeurs exportées aux variations de certains coûts de production (tel que l’électricité, voir Fontagné et al., 2017), ce rapport ne permet pas de mettre à jour de corrélation entre une source particulière de variation de coût du travail (les exonérations de cotisations sociales) et la compétitivité internationale.
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