Dans un nouveau billet de blog paru ce mercredi 12 mars, Patrick Aubert s’interroge sur les possibilités, voire la nécessité de davantage articuler les deux politiques de la vieillesse que sont les retraites et la perte d’autonomie.
Ces deux politiques visent une même population (les personnes âgées) mais répondent à des besoins très différents, sont actuellement financées et mises en œuvre de manière très différente, et restent politiquement débattues de manière distincte également.
Elles font face toutefois et sont donc réunies par un même défi de financement à long terme, dans le cadre du vieillissement de la population. Quelques récentes interventions publiques ont d’ailleurs commencé à lier les deux sujets : la Ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet a ainsi proposé que les retraités percevant une pension de plus 2000 € contribuent au financement de la dépendance ; le président du MEDEF Patrick Martin a proposé de revenir sur les taux réduits de CSG dont bénéficient les retraités.
Patrick Aubert rappelle que les deux politiques sont soumises à une équation complexe : le niveau de vie des retraités par rapport aux actifs va tendanciellement baisser lors des prochaines décennies et les besoins des retraités vivant plus longtemps donc davantage confrontés à la perte d’autonomie risquent d’augmenter.
Ce billet invite à une réflexion prospective sur le principe et la manière de rapprocher ces deux politiques. Son auteur envisage notamment d’intégrer dans le système de retraite une majoration de la pension pour les retraités qui ont été reconnus en perte d’autonomie.
Pour Patrick Aubert, “Une telle majoration emprunterait aux retraites leur nature de prestations en espèces et de financement dans le cadre d’un système en répartition, et aux prestations d’autonomie leur ciblage sur des retraités dont le besoin a été évalué par une équipe médico-sociale”
Elle aurait également pour mérite de réduire le besoin d’épargne, voire de sur-épargne, des retraités pour anticiper le risque de dépendance.
La proposition ainsi formulée, qui se veut une première piste de réflexion, vient discuter des enseignements en termes de politique publique d’une analyse statistique détaillée produite par le même auteur et publiée sous la forme d’un Études et Résultats de la DREES il y a quelques jours.
Cette étude repose sur l’appariement inédit des données sur les bénéficiaires de pensions de retraites et les données sur les bénéficiaires d’allocation personnalisée d’autonomie et d’aide sociale à l’hébergement. Patrick Aubert y démontre notamment qu’une personne qui part à la retraite a une probabilité d’environ 45% (pour un homme) ou 70% (pour une femme) de recourir aux aides publiques à l’autonomie au moment de sa période de retraite.
Ainsi, selon Patrick Aubert les probabilités de recours aux aides s’avèrent à la fois suffisamment élevées et suffisamment faibles pour qu’une mutualisation soit pertinente.