Le Premier ministre a ouvert mi-janvier 2025 une négociation pour amender la réforme de 2023 qui prévoit, entre autres, d’augmenter à terme jusque 64 ans l’âge légal minimal de départ. Dans son discours de politique générale, François Bayrou a indiqué rechercher “une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou”. La Cour des Comptes a été chargée d’établir un diagnostic de la situation comme point de départ de cette négociation. Le premier volet de son rapport est attendu le 19 février.
La page ci-dessous récapitule, par grandes thématiques, les publications de l’IPP sur le sujet depuis l’ouverture du débat sur la réforme de 2023. Certaines invitent à une réflexion plus prospective et structurelle sur le système français de retraites, d’autres se concentrent sur des dispositifs en particulier et d’autres encore sont … en cours d’écriture.

Panorama des publications passées et à venir
- Besoins de financement et équilibre général du système
- Quels enjeux derrière le débat sur les « vrais chiffres » de déficit des retraites ?
- Le Conseil d’orientation des retraites va dorénavant publier ses projections en mettant en avant un scénario de référence : quel changement en attendre ?
- Quelles orientations pour les retraites après la publication du nouveau rapport annuel du COR ?
- Considérations générales et prospectives sur le système de retraites
- Concertation sur les retraites : est-ce déjà bien parti pour être mal parti ?
- Réaffirmer le lien cotisations-droits
- Comme le système de retraite est très compliqué, on a tendance à réfléchir à partir de carrières types. Mais il faut se méfier des raisonnements simplifiés.
- Retraite, perte d’autonomie : faudrait-il articuler davantage les deux politiques de la vieillesse ?
- Relever l’âge de départ : oui, mais comment ?
- L’âge de départ à la retraite en perspective historique : un retour sur 50 ans de réformes
- Le système français de retraite fait dépendre l’âge de départ de la durée de carrière : est-ce justifié ?
- Les départs anticipés pour carrière longue permettent-ils de compenser une plus grande pénibilité des métiers ?
- Carrières longues : devrait-on pouvoir partir à la retraite dès qu’on a cotisé la durée requise ?
- Allonger la durée requise plutôt que relever l’âge minimal de départ à la retraite: un levier de réforme plus juste ?
- Piloter les niveaux des retraites
- Un système de retraite plus juste et plus protecteur ?
- Mieux prendre en compte les personnes défavorisées dans les règles de retraite : quelles pistes pourrait-on envisager ?
- Supprimer les écarts de retraite entre les femmes et les hommes : un objectif qui passe aussi par une évolution des droits familiaux
- Au-delà de la pénibilité des métiers, une nécessaire prise en compte des situations d’inaptitude constatée
- Réformer les pensions de réversion : commençons par clarifier leurs finalités
- Redistribution implicite des revenus tout au long de la vie : quel impact des différences d’espérance de vie ?
- Retraite et minima sociaux
Besoins de financement et équilibre général du système
Au cœur du débat permanent sur le système de retraites et la nécessité de régulièrement le réformer, se situe la question de son équilibre. Dit autrement, de son besoin de financement. Quelle est l’ampleur de ce besoin? Pourquoi n’y a-t-il pas une unique manière de le comptabiliser et quels enjeux sous-tendent le choix d’une convention comptable plutôt qu’une autre ? La focalisation du débat sur le “déficit” est-elle vraiment la meilleure façon de le faire avancer ?
Quels enjeux derrière le débat sur les « vrais chiffres » de déficit des retraites ?
Le Premier ministre a mentionné, dans sa déclaration de politique générale, un écart entre les dépenses et les ressources du système de retraite qu’il estime à 55 milliards d’euros, soit davantage que les 11 milliards d’euros (0,4 point de PIB) cités dans le rapport du COR pour 2025. Dans ce billet, Patrick Aubert rappelle les justifications des différentes conventions comptables et explique les questions politiques sous-jacentes derrière les calculs techniques de financement de régime et la manière de les présenter.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert ( publié le 23 janvier 2025)
Des travaux complémentaires sont entrepris sur ce sujet dans l’optique d’une publication en juin-juillet.
Le Conseil d’orientation des retraites va dorénavant publier ses projections en mettant en avant un scénario de référence : quel changement en attendre ?
Ce billet de blog discute l’interprétation qu’on peut faire des choix passés et présents réalisés par le COR derrière la façon de présenter les résultats de ses projections. En écho à la note 106 précédemment citée, ce billet rappelle que la sensibilité du système à la croissance tient au choix réalisé dans les années 1980 de “débrancher” la relation entre la dynamique des salaires et la dynamique des retraites. L’auteur émet l’hypothèse que la nouvelle présentation invitera partenaires sociaux et décideurs politiques à davantage s’emparer des scénarios établis sur une projection de croissance faible.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 10 juin 2024)
Quelles orientations pour les retraites après la publication du nouveau rapport annuel du COR ?
Ce billet de blog poursuit la réflexion amorcée dans le billet de blog cité précédemment et publié concomitamment.
Patrick Aubert rappelle tout d’abord que le système gagnerait à être piloté au regard d’objectifs cibles explicités tels que le taux de prélèvement global (part du PIB consacrée aux retraites), le niveau moyen des retraites et le partage des gains d’espérance de vie entre travail et retraites. Fondamentalement, le système des retraites n’a ainsi pas de raison particulière d’être contingent à la réalisation d’un scénario économique en particulier.
Ce que mettent en lumière et soulignent les scénarios de faible croissance dans les projections du COR, c’est avant tout que la double promesse de prémunir les retraités d’une baisse de pouvoir d’achat au cours de leur retraite et de limiter l’ampleur de l’effort demandé aux actifs risquent de ne pas être simultanément tenables. Continuer de s’y accrocher, comme c’est fait aujourd’hui dans le cadre de réformes dont le succès mise beaucoup sur la réalisation d’un niveau de croissance suffisant, expose au risque de devoir relancer sans cesse le débat sur le partage des efforts. La question qui est posée au travers de la volonté (nouvelle) du COR de mettre en avant un scénario de référence basé sur une croissance relativement faible pourrait donc être résumé de la façon suivante : ne faudrait-il pas commencer à discuter de l’éventualité où les deux promesses ne sont pas simultanément tenables, et donc commencer à débattre de celle à laquelle est-on prêt à renoncer ?
> Lire le billet de Patrick Aubert (publiée le 10 juin 2024)
Considérations générales et prospectives sur le système de retraites
Le débat est souvent happé par quelques mesures “techniques” autour desquelles chacune et chacun se positionne et s’affronte. Régulièrement dans leurs publications, les membres de l’IPP appellent à prioritairement débattre des objectifs, paradoxalement souvent absents des débats.
Concertation sur les retraites : est-ce déjà bien parti pour être mal parti ?
Dans ce billet de blog, Patrick Aubert regrette que la concertation autour des aménagements possibles de la dernière réforme de retraites démarre d’emblée par la discussion autour de mesures techniques et fasse l’impasse – comme tant de fois par le passé – sur les cibles souhaitées du système de retraite.
Selon l’auteur, la concertation avec les partenaires sociaux et le débat parlementaire devraient avant tout avoir comme objet de répondre aux questions de fond sur ce que l’on vise : quel niveau de pension relatif, à quel âge, et pour quel taux de cotisation ?
Pour Patrick Aubert, l’approche instrumentale des réformes réduit et biaise le débat, limitant la capacité de ces mêmes réformes à améliorer réellement et durablement le système et occultant les vrais choix politiques à débattre et à effectuer.
L’auteur liste en conclusion du billet les quelques questions centrales sur lesquelles les acteurs du dialogue social et du débat parlementaire auraient à se prononcer et à débattre et à partir desquelles, ultérieurement, les réponses techniques pourraient être proposées et débattues.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 17 janvier 2025)
Réaffirmer le lien cotisations-droits
Dans cette interview à paraître fin février dans les cahiers de la retraite de l’Agirc-Arrco, Antoine Bozio regrette que la cotisation de retraite soit de plus en plus perçue comme un prélèvement et non comme un droit différé et le résultat d’un pacte de solidarité entre générations. Il invite à davantage réfléchir aux moyens de restaurer la lisibilité du lien contributif, c’est-à-dire de recréer une connexion plus directe entre la cotisation sociale et le droit acquis.
> Interview d’Antoine Bozio à paraître dans les cahiers de la retraite de l’Agirc-Arrco
Comme le système de retraite est très compliqué, on a tendance à réfléchir à partir de carrières types. Mais il faut se méfier des raisonnements simplifiés.
> Interview de Patrick Aubert dans Les Echos (publiée le 20 janvier 2025). Article accessible aux abonnés uniquement.
Retraite, perte d’autonomie : faudrait-il articuler davantage les deux politiques de la vieillesse ?
La France dispose aujourd’hui, au sein de sa Sécurité sociale, de deux politiques de la vieillesse, organisées dans deux branches distinctes, et avec un ensemble de modalités, de prestations, et d’organismes gestionnaires très différents. Toutes deux partagent cependant une même finalité de solvabiliser les personnes âgées pour leur permettre de financer leurs besoins spécifiques, mais elles le font selon des approches très différentes de ces besoins.
Ces deux branches sont en réalité déjà réunies par un défi commun et majeur : celui de leur soutenabilité financière dans le contexte de vieillissement de la population. À la différence que l’augmentation forte des besoins est encore en grande partie devant nous pour la branche autonomie puisque ceux-ci ont lieu principalement à des âges plus élevés que ceux des départs à la retraite. Ils se concentrent après 80 voire 85 ans, alors que la première génération du baby-boom, née en 1946, n’a encore que 78 à 79 ans aujourd’hui.
Cet enjeu financier peut justifier de soulever la question d’une intégration un peu plus grande des deux politiques de la vieillesse.
> Billet de blog de Patrick Aubert à paraître prochainement
> Recevoir les futures publications des chercheuses et chercheurs de l’IPP sur la thématique retraites
Relever l’âge de départ : oui, mais comment ?
Pour répondre aux besoins de financement du système, trois leviers sont activables par le décideur politique : le taux de cotisations, le niveau des pensions et la durée de cotisation. Les réformes des dernières années présentées par les gouvernements successifs sont très largement centrées sur ce dernier levier et visent à augmenter la durée de cotisations en reculant l’âge de départ à la retraite. Mais derrière ce vocable assez simple de l’âge de départ, il semble utile et pertinent de rappeler qu’il existe plusieurs âges de départ. On peut tout d’abord distinguer l’âge de départ dans le régime de droit commun, l’âge de départ dans le cadre des dispositifs dérogatoires et l’âge de départ dans le cadre de l’invalidité. On peut ensuite distinguer l’âge effectif de départ (sur lequel le législateur espère agir) des âges dits légaux (sur lequel le législateur peut directement agir) à savoir l’âge d’ouverture des droits, l’âge d’annulation de la décote et la durée d’assurance requise.
L’âge de départ à la retraite en perspective historique : un retour sur 50 ans de réformes
Ce billet de blog, publié avant la réforme de 2023, vise à présenter l’évolution de l’âge de départ en retraite en France sur près de 50 ans, la mesure dans laquelle ces réformes ont suivi ou non les évolutions de l’espérance de vie, et enfin de revenir sur les inégalités sociales face à l’âge de départ en retraite, et la façon dont la réforme les modifie.
> Lire le billet de Patrick Aubert et Antoine Bozio (publié le 11 février 2023)
Le système français de retraite fait dépendre l’âge de départ de la durée de carrière : est-ce justifié ?
En France, le moment auquel un assuré peut partir à la retraite avec le taux plein dépend de la durée de sa carrière davantage que de son âge, et certains arguent même qu’il devrait en dépendre exclusivement. Cette situation découle du cadre réglementaire mis en place lors de la réforme des retraites de 1983, dont les principes généraux sont restés en place malgré les diverses réformes ayant eu lieu depuis.
Si cette condition a souvent été justifiée en invoquant la moindre espérance de vie supposée de ceux à qui elle bénéficie, de nouvelles estimations montrent que ce n’est en réalité pas le cas. Les personnes à qui le système de retraite permet de partir au taux plein plus tôt n’ont pas une mortalité plus élevée. Celles qui, à l’inverse, doivent attendre l’âge d’annulation de la décote n’ont, réciproquement, pas une meilleure espérance de vie. Historiquement, les catégories de retraités qui ont le plus bénéficié de la retraite au taux plein à 60 ans se situent, quelle que soit la génération, parmi la moitié des retraités dont la pension est la plus élevée.
Ces constats interrogent sur le bien-fondé de différences de traitement qui sont aujourd’hui au coeur du système de retraite français. Ils suggèrent que, à moins de trouver une autre justification aux règles actuelles, il pourrait être pertinent de revenir à des modalités plus proches de la philosophie originelle du système, à savoir une prise en compte non seulement de la durée de carrière mais aussi de la durée espérée de retraite dans les règles de départ.
> Lire la note IPP n°111 de Patrick Aubert (publiée en novembre 2024)
> Lire l’analyse détaillée dans la collection des Dossiers de la DREES (publiée en novembre 2024)
Les départs anticipés pour carrière longue permettent-ils de compenser une plus grande pénibilité des métiers ?
La réforme de 2023 prévoit d’étendre les possibilités de partir à la retraite de façon anticipée avant 64 ans au titre des carrières longues, en élargissant le dispositif créé en 2003.
Les départs en retraite anticipée pour carrière longue ont fortement augmenté depuis la génération née en 1944, première génération à avoir bénéficié du dispositif. Ils représentent, pour la génération née en 1953, près d’un quart des départs à la retraite au régime général, et même 35 % parmi les hommes, soit quasiment autant que les départs après l’âge minimal légal au titre de la durée (c’est-à-dire hors décotes, inaptitude ou départs à l’âge d’annulation de la décote après une carrière incomplète.) À ce titre, le dispositif de carrière longue ne doit plus être vu comme un dispositif simplement dérogatoire, mais comme faisant pleinement partie du barème de droit commun définissant l’obtention du taux plein.
En pratique, le lien entre l’éligibilité au dispositif et la pénibilité vécue en cours de carrière n’est toutefois pas aussi évident qu’il n’y paraît, parce que le seul fait d’avoir commencé à travailler tôt n’est en réalité pas suffisant pour avoir accès au dispositif, et car le lien entre les âges de premières cotisations et les types de métiers exercés est plus complexe que ce à quoi on pourrait s’attendre à première vue.
Ce billet de blog décrit plus précisément les bénéficiaires du dispositif carrières longues déjà partis à la retraite, notamment en termes d’espérance de vie et de catégories sociales.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 6 mars 2023)
Carrières longues : devrait-on pouvoir partir à la retraite dès qu’on a cotisé la durée requise ?
Le billet de blog cité ci-dessus et publié concomitant démontre qu’au regard de la description détaillée des bénéficiaires du dispositif carrières longues, la justification principale de ce dispositif ne peut être la compensation d’une moindre espérance de vie ou d’un état de santé dégradé. Cela ne signifie pas pour autant que les départs anticipés pour carrière longue ne sont pas légitimes. Si le débat public se focalise souvent sur les disparités d’espérance de vie, au point d’en oublier les autres déterminants de l’équité en matière de retraite, d’autres justifications des différences de traitement selon la durée travaillée peuvent être pertinentes.
En l’occurrence, c’est davantage et en premier lieu leur plus longue contribution au système de retraite, et le fait que cette plus longue contribution n’était pas prise en compte dans le calcul de la retraite, qui semble devoir justifier le dispositif de carrière longue. Cette justification pointe cependant vers des modalités du dispositif qui diffèrent de celles mises en oeuvre actuellement.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 6 mars 2023)
Allonger la durée requise plutôt que relever l’âge minimal de départ à la retraite: un levier de réforme plus juste ?
Rédigé fin 2022, lorsque gouvernement et parlementaires débattaient des moyens les plus efficaces et les plus justes pour reculer l’âge effectif de départ à la retraite, ce billet de blog distingue de manière détaillée l’allongement de la durée requise et le relèvement de l’âge minimal “légal” de départ à la retraite, les publics ciblé a priori par ces mesures et leur effet possible sur le montant des pensions.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 7 décembre 2022)
Piloter les niveaux des retraites
Pourquoi l’équilibre général du système est-il si dépendant de la croissance ? Les revalorisations annuelles des retraites pourraient-elles être réalisées différemment – c’est-à-dire diminuées – pour faire contribuer les retraités à l’effort général de rééquilibrage du système ?
Retraites : quelles règles d’indexation dans un régime en annuités ?
L’indexation des retraites sur les prix et non plus sur le taux de croissance des salaires a été appliquée dès la fin des années 1980 : c’est à la fois la garantie pour les retraités que leurs pensions, une fois liquidées, seront revalorisées selon l’inflation et un moyen “discret” de contribuer à l’équilibre du système en faisant augmenter les retraites moins vite que les revenus d’activité lorsque la croissance est positive. Lorsque la croissance est très élevée, les retraites peuvent ainsi beaucoup décrocher en proportion des salaires et du PIB. À l’inverse, le niveau relatif des pensions évolue de manière plus favorable aux retraités quand la croissance est lente voire négative, à l’occasion d’une crise économique par définition temporaire comme dans un scénario de tendance de long terme, au regard des enjeux climatiques notamment.
Cette règle d’indexation rend les projections très sensibles aux hypothèses retenues pour l’évolution de la productivité. La pleine réindexation des retraites sur les salaires ferait disparaître cette asymétrie, mais aurait pour conséquence une forte augmentation des dépenses de retraite. Est-il possible de sortir de ce dilemme ?
Cette note étudie les options disponibles pour des règles d’indexation combinant neutralisation de la sensibilité à la croissance et objectif de stabilité financière.
> Lire la note n°106 de Didier Blanchet (publiée en avril 2024)
Sous-indexer certaines pensions de retraite : pourquoi et comment ?
Depuis septembre, les débats sur les efforts à réaliser pour améliorer l’état des finances publiques ont fait émerger l’idée d’une mise à contribution des retraités par le biais d’une revalorisation de leur pension inférieure au taux prévu par la loi, à savoir l’inflation. Une telle « sous-indexation » était même prévue dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 qui a été présenté à l’automne dernier par le gouvernement Barnier et n’a pas été adoptée. Un consensus semble en tout cas se dégager sur le fait que, si une telle sous-indexation des retraites devait être mise en œuvre, elle devrait être différenciée selon le niveau de pension, afin de ne mettre à contribution que les plus aisés et d’épargner les plus modestes. Mais sur quels fondements poser cette sous-indexation différenciée de certaines retraites et quel sens lui donner dans la problématique plus large du pilotage du système de retraite ?
> Billet de Patrick Aubert en cours de rédaction
> Recevoir les futures publications des chercheuses et chercheurs de l’IPP sur la thématique retraites
Au-delà des 1200 euros : quelles perspectives de réforme pour les petites pensions ?
Dans ce billet de blog, les auteurs apportent un éclairage statistique sur un sujet qui a beaucoup animé le débat parlementaire lors de la discussion de la réforme de 2023, à savoir l’augmentation du MICO. En effet, en contrepartie de l’augmentation de l’âge légal d’ouverture des droits et de l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisation prévue par la loi Touraine, le gouvernement proposait une augmentation des pensions les plus modestes, indiquant dans le projet de loi que “les salariés qui ont cotisé toute leur vie avec des revenus autour du Smic partiront désormais avec une pension de 85% du Smic net”, ce qui correspond aujourd’hui à une pension de près de 1200 euros mensuels. Cette annonce ne visait pas la création d’un nouveau mécanisme de pension minimale, mais était l’illustration de la proposition d’augmenter le “minimum contributif” (parfois appelé par l’acronyme MICO) de 100 euros.
La dernière partie du billet conserve toute son actualité puisqu’elle posait la question plus large des petites pensions dans le système des retraites, le MICO ne concernant qu’une partie des retraités et ne constituant pas à proprement parler un “minimum de pension”.
> Lire le billet de Patrick Aubert, Carole Bonnet, Maxime Tô (publié le 9 février 2023)
Un système de retraite plus juste et plus protecteur ?
Le système de retraites est historiquement et fondamentalement un système contributif qui prévoit donc de verser des pensions aux individus en rapport avec les revenus tirés de l’activité. Mais si ce système de retraite peut jouer un rôle de réduction des inégalités de revenus et de lutte contre la pauvreté, c’est précisément parce qu’il n’est pas strictement contributif, et qu’il prévoit des mécanismes de compensation de certaines périodes de non-emploi involontaire ou de bas salaires.
Mieux prendre en compte les personnes défavorisées dans les règles de retraite : quelles pistes pourrait-on envisager ?
Ce billet de blog synthétise une contribution destinée aux membres du conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).
Ce billet pointe, en écho à plusieurs publications passées de l’auteur Patrick Aubert, que les effets des mécanismes de compensation de certaines périodes de non-emploi involontaire ou de bas salaires, destinés aux personnes défavorisées a priori, ne sont pas toujours univoques : certains dispositifs permettent effectivement de rehausser le niveau de pension des personnes les plus défavorisées, mais d’autres mécanismes vont à l’inverse amplifier les inégalités, en bénéficiant avant tout aux assurés ayant le plus contribué.
La “double comptabilisation” de la durée de carrière dans le calcul de la pension se révèle notamment pénalisante pour ces personnes, qui ont pour caractéristique principale et commune d’avoir des carrières incomplètes. Le calcul du salaire de référence comme la moyenne des “25 meilleures années”, généralement vu comme protecteur, s’avère lui aussi désavantageux en cas de carrière très précaire.
Patrick Aubert rappelle également que cette situation n’est pas spécifiquement liée aux dernières réformes et qu’elle constitue plutôt une caractéristique de long terme du système de retraite français, dont les évolutions ont souvent été pensées au regard de cas types dont la carrière est complète. Sans répondre à une volonté explicite du législateur, les mécanismes décrits dans ce billet ont pour autant des effets négatifs réels sur la situation des retraité.e.s les plus précaires et gagneraient à être davantage explicités et portés dans le débat public récurrent sur les retraites.
Au-delà de ce constat, Patrick Aubert discute quelques pistes d’évolution techniques pour améliorer concrètement et effectivement la situation de ces retraité.e.s les plus précaires.
> Lire le billet de Patrick Aubert (publié le 25 octobre 2024)
> Lire la note intégrale destinée au CNLE
Supprimer les écarts de retraite entre les femmes et les hommes : un objectif qui passe aussi par une évolution des droits familiaux
Introduit dans la loi en 2010 et réaffirmé en 2014, l’objectif de réduction des écarts de pension entre les femmes et les hommes a été, pour la première fois, avec la réforme des retraites de 2023, quantifié : “la Nation se fixe pour objectifs, à l’horizon 2050, la suppression de l’écart entre le montant des pensions perçues par les femmes et celui des pensions perçues par les hommes et, à l’horizon 2037, sa réduction de moitié par rapport à l’écart constaté en 2023”.
Il n’est pas évident de savoir si c’est un objectif qui renvoie à une action sur le marché du travail (participation, salaire, temps partiel …) de façon à ce qu’il n’y ait plus d’écarts de retraite ou s’il s’agit d’un engagement à modifier les règles de retraite de façon à contrebalancer les inégalités sur le marché du travail qui n’auraient pas encore été résorbées (on accepterait alors de s’écarter des règles de contributivité du système).
On sait en particulier, à la lecture des travaux académiques récents, que les écarts de pension tiennent pour beaucoup à l’effet de la naissance et de l’éducation des enfants sur les carrières des mères, phénomène qualifié dans la littérature de “pénalité liée aux enfants”. Ce billet de blog se penche donc plus spécifiquement sur la question des droits familiaux de retraite. Il formule notamment les questions de fonds qu’il est important de trancher, afin d’orienter une éventuelle réforme future de ces droits – visant à les recentrer sur des finalités clarifiées.
> Lire le billet de blog de Carole Bonnet et Patrick Aubert (publié le 7 mars 2024)
Au-delà de la pénibilité des métiers, une nécessaire prise en compte des situations d’inaptitude constatée
Dans le débat récurrent sur la réforme des retraites, la question de la capacité des personnes à prolonger leur carrière, et celle des aménagements spécifiques à prévoir pour ceux qui ne seraient pas dans une telle capacité, occupent naturellement une place importante.
Le système de retraite français prévoit déjà, et de longue date, divers dispositifs permettant d’anticiper le départ à la retraite dans de telles situations, que ce soit en avançant l’obtention d’une pension à taux plein – avant d’avoir validé la durée de carrière requise – ou en abaissant l’âge minimal d’ouverture des droits – c’est-à-dire avant même d’avoir atteint l’âge légal de droit commun. Ces dispositifs ont pris une importance croissante au fil du temps : en 2020, près d’une personne sur trois est déjà retraitée (le plus souvent au titre d’une retraite anticipée pour carrière longue) au moment d’atteindre l’âge légal de 62 ans, et environ une personne sur six obtient par ailleurs un départ au taux plein dès cet âge légal, au titre de l’inaptitude au travail.
Un système de retraite visant, fondamentalement, à apporter un revenu aux personnes qui ne peuvent plus travailler du fait de leur âge, il semble logique que celles qui ont perdu leur capacité à travailler un peu plus jeune puissent partir à la retraite un peu plus tôt. Si ce principe était clairement vérifié à la fondation du système français en 1945, les réformes successives ont progressivement affaibli les différences entre les assurés inaptes au travail et ceux non inaptes.
> Lire le billet de blog de Patrick Aubert (publié le 7 décembre 2022)
Réformer les pensions de réversion : commençons par clarifier leurs finalités
Les pensions de réversion sont habituellement critiquées pour au moins deux raisons. Premièrement, elles sont réservées aux personnes qui ont été mariées alors que, sur les dernières décennies, les comportements conjugaux ont évolué vers moins de mariages, davantage de partenariats civils ou d’unions libres et davantage de séparations. Deuxièmement, du fait de l’existence de règles diverses dans les différents régimes d’affiliation du conjoint décédé, telles que les conditions d’éligibilité et le montant de la pension, il existe des différences de traitement entre les bénéficiaires potentiels de la réversion.
Les pensions de réversion n’ont pas été modifiées par la réforme de 2023 et ont été relativement peu débattues. Le gouvernement a toutefois saisi le Conseil d’orientation des retraites pour qu’il consacre une nouveau rapport à cette problématique (ainsi qu’à celle des droits familiaux), en vue d’une réforme éventuelle ultérieure.
Dans ce billet de blog, Patrick Aubert, Carole Bonnet et Julier Tréguier distinguent les différents objectifs que l’on peut assigner à ce dispositif historique. La pension de réversion est-elle la réalisation d’un patrimoine ? Ou plutôt destinée à prévenir des risques sociaux suivants : la lutte contre la pauvreté, la compensation de carrières moins génératrices de droits à la retraite en raison de la présence d’enfants, le maintien du niveau de vie, suite au décès du conjoint ?
> Lire le billet de Patrick Aubert, Carole Bonnet et Julie Tréguier (publié le 30 janvier 2024)
Redistribution implicite des revenus tout au long de la vie : quel impact des différences d’espérance de vie ?
Il est désormais bien documenté que les individus plus riches et les femmes ont une espérance de vie plus élevée. Mais quels sont les impacts précis de ces différences d’espérance de vie sur les inégalités de revenu dans une perspective globale (tout au long du cycle de vie), entre les genres et au sein de chaque genre,et quel rôle joue par le système de retraite dans l’augmentation ou l’atténuation de ces inégalités.
En effet, d’une part, les personnes à hauts revenus perçoivent leurs prestations de retraite relativement élevées pendant une période plus longue, ce qui risque d’exacerber l’inégalité des revenus tout au long de la vie. D’autre part, les pensions des femmes, bien qu’elles soient généralement moins élevées, sont perçues sur une plus longue période
Cette recherche financée par l’Agirc-Arrco et par l’Initiative de programmation conjointe (IPC) « More years, better lives » (Projet PENSINEQ, ANR-21-MYBL 0002) repose sur l’analyse statistique approfondie des données administratives sur les salariés du secteur privé en France pour quantifier ces effets.
L’étude met en lumière deux résultats principaux :
1/ En ce qui concerne la redistribution selon le genre, nous constatons que la différence d’espérance de vie réduit l’inégalité des revenus cumulés sur cycle de vie, entre les hommes et les femmes. L’espérance de vie à 55 ans est en effet de 5,7 années plus élevée chez les femmes du secteur privé que chez les hommes. Sans ce différentiel d’espérance de vie, l’écart de pensions cumulées entre les hommes et les femmes serait de 72 % plus élevé.
2/ Chez les femmes comme chez les hommes, les personnes à hauts revenus bénéficient d’une redistribution implicite au cours de leur vie en raison d’une espérance de vie plus élevée. On constate un gradient d’espérance de vie de 7,2 ans entre les extrêmes de la distribution chez les hommes, et de 1,8 ans chez les femmes. Chez les hommes, cette redistribution implicite et régressive neutralise la progressivité explicite du système de pension.
Retraite et minima sociaux
Le système français de minima sociaux articule diverses prestations, qui sont segmentées, notamment, selon l’âge de leurs bénéficiaires potentiels. Aux âges dits « d’activité », les personnes sans ressource ou dont les revenus sont très faibles peuvent percevoir le revenu de solidarité active (RSA), ou bien l’un des minima destinés à des publics particuliers (par exemple pour les chômeurs en fin de droit ou les personnes handicapées). Aux âges de la retraite, c’est en revanche l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA, plus connue sous le nom de « minimum vieillesse ») qui constitue la prestation de référence.
Cependant, de la même façon que les départs à la retraite n’ont pas lieu à un âge identique pour tous mais s’étalent au contraire sur fenêtre d’âges assez large, la transition entre les minima sociaux d’activité et le mini-mum vieillesse n’intervient pas non plus à un âge unique, mais de façon graduelle au cours de la soixantaine.
Une nouvelle source de données statistiques, mise en place par l’Institut des politiques publiques en partenariat avec la DREES, permet pour la première fois de dresser un bilan complet des parcours dans les minima sociaux aux abords des âges de départ à la retraite.
> Publication d’une étude et résultats de la DREES à paraître prochainement