Retour d'expérience n°1 - Avril 2013

Internats d’excellence: les enseignements de Sourdun

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Avril 2013

Auteurs : Luc Behaghel, Clément de Chaisemartin, Axelle Charpentier, Marc Gurgand

Contacts : luc.behaghel@ens.fr; clement.dechaisemartin@ensae.fr; acharpentier@povertyactionlab.org; gurgand@pse.ens.fr

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Pendant plus de trois ans, des chercheurs ont mené une expérimentation, financée par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, afin d’estimer l’impact de l’internat d’excellence de Sourdun sur les élèves. Ils démontrent qu’une politique scolaire ambitieuse peut avoir des résultats importants, mais ils soulignent aussi que cette politique ne touche pas à ce jour les élèves les plus faibles.

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« Internats d’excellence: les enseignements de Sourdun »

 

 

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Résumé :

L’internat d’excellence de Sourdun a ouvert ses portes à la rentrée 2009. Les 258 premiers internes ont été tirés au sort parmi 395 candidats éligibles. Nous avons suivi pendant deux ans les élèves internes et les 137 candidats qui n’ont pas été retenus. Ces derniers constituent notre groupe « témoin ». Le tirage au sort nous garantit que ces deux groupes sont initialement identiques, ce qui nous permet d’isoler de façon fiable les effets de Sourdun en comparant les internes et les élèves témoins.

Sélectionnés d’abord pour leur motivation, les élèves de Sourdun sont d’origine modeste et de niveau scolaire intermédiaire. L’internat nécessite un temps d’adaptation, si bien que peu d’effets sont perceptibles dès la première année. C’est au terme de deux ans qu’apparaît une forte amélioration des résultats en mathématiques des élèves de Sourdun par rapport aux autres élèves, accompagnée d’une ambition scolaire accrue et d’un désir d’apprendre plus affirmé. En français cependant, les internes n’obtiennent pas de meilleurs résultats que les élèves témoins. Plusieurs études portant sur d’autres politiques scolaires trouvent aussi des effets en mathématiques mais pas en langue: le renforcement des compétences verbales s’envisage peut-être sur le plus long terme.

De nombreux facteurs peuvent expliquer le fort impact de Sourdun. Deux se conjuguent vraisemblablement: le cadre propice au travail de l’internat (faible absentéisme, baisse des actes violents commis dans l’établissement), et le fort investissement des enseignants et des élèves dans le travail personnel, les études et le soutien individuel.

Par nature, Sourdun reste une exception. Mais son efficacité est une ferme invitation à expérimenter d’autres dispositifs pour lutter à plus grande échelle contre les inégalités scolaires.

Points clés :

  • Réunissant des élèves motivés de niveau scolaire intermédiaire, Sourdun améliore clairement les compétences en mathématiques et l’ambition scolaire des internes, mais seulement au bout de deux ans.
  • Son rapport coût-efficacité est comparable à celui d’une réduction de moitié de la taille des classes.
  • Le cadre de travail que fournit l’internat semble essentiel : encadrement, soutien individuel, amélioration des relations entre jeunes et avec les enseignants…
  • On ne peut pas dire si l’internat aurait les mêmes effets sur des élèves moins motivés ou plus faibles, ce qui laisse ouverte la question des politiques scolaires à destination d’un public plus large.

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