Juillet 2020
Auteurs : Pierre C. Boyer*, Elie Gerschel, Anasuya Raj*
Contacts : pierre.boyer@polytechnique.edu, anasuya.raj@polytechnique.edu
* auteurs de l’étude de référence
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Approfondir l’intégration européenne? Résultats d’une enquête auprès des parlementaires nationaux allemands, français et italiens
Résumé :
L’Union économique européenne est incomplète, ce qui la rend vulnérable aux chocs macroéconomiques tels que la crise due à l’épidémie Covid-19. Des propositions de réforme étaient déjà débattues ces dernières années mais se sont constamment heurtées aux divergences de vues entre les pays et les groupes politiques. Nous présentons ici les résultats d’une enquête menée en 2018 auprès de membres des parlements nationaux en France, en Allemagne et en Italie sur l’intégration européenne dans des domaines liés au partage des risques et aux institutions budgétaires, en les invitant à exprimer leur opinion sur des propositions telles que la création d’une assurance-chômage européenne, d’euro-obligations (aussi appelées “eurobonds”) ou d’un impôt européen. Nous constatons que la nationalité et l’appartenance politique sont tous les deux des facteurs déterminants du soutien à ces propositions, le premier étant dominé par le second. Nous décrivons les lignes de fracture et tentons d’identifier les points de convergence où un accord politique serait envisageable. L’accord obtenu le 21 juillet 2020 au dernier sommet européen inclut une innovation notable avec des transferts financiers entre les États et l’émission d’obligations européennes : il représente donc un choix parmi les options que nous avions proposées aux parlementaires interrogés. Néanmoins, le plan de relance choisi lors de ce sommet reste ponctuel et laisse donc ouverte la question de l’avenir de l’intégration européenne.
Points clés :
- De prime abord, les réponses montrent des avis divergents entre pays pour la plupart des questions, l’Italie étant en faveur d’une intégration plus poussée, l’Allemagne s’y opposant. La France a une position intermédiaire, qui se rapproche de la position italienne.
- Une décomposition des résultats par parti donne une image plus nuancée. Pour comparer les pays entre eux, on construit un indicateur d’appartenance politique en fonction de l’affiliation du parti national aux groupes politiques constitués au Parlement européen.
- Les représentants nationaux associés au groupe des Socialistes et Démocrates (S&D) au niveau européen montrent un fort soutien à la création de nouvelles institutions fiscales ou aux institutions de partage des risques (assurance-chômage européenne, euro-obligations), à l’opposé des députés associés au Parti populaire européen (PPE).
- Les parlementaires affiliés au groupe Renew Europe ont une position intermédiaire, favorable aux institutions fiscales, mais avec un plus faible appui à la création de mécanismes de partage des risques.
- Il existe une grande diversité d’opinions entre l’AfD allemande, la Lega italienne et le Mouvement 5-étoiles : les trois partis ont des vues divergentes sur l’avenir de l’intégration.
- Notre analyse économétrique montre que les affiliations à un parti ont plus de pouvoir explicatif que la nationalité pour toutes les questions. Cela montre clairement que les résultats des élections parlementaires nationales pourraient modifier le soutien global à chaque question.
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