Note IPP n°67 - Mai 2021

Discrimination à l’embauche selon le sexe : les enseignements d’un testing de grande ampleur

Note IPP n°67

Mai 2021

Contacts : thomas.breda@ipp.eu, nicolas.jacquemet@univ-paris1.fr

Auteurs (liste complète) :

DARES-MAR : Émilie Arnoult (CEET-Lirsa), Marie Ruault, Emmanuel Valat (Université Gustave Eiffel, ERUDITE) et Pierre Villedieu (Sciences-Po, LIEPP).

Chercheurs IPP : Thomas Breda (PSE, IPP), Nicolas Jacquemet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PSE), Morgane Laouenan (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, LIEPP), Roland Rathelot (Université de Warwick), Mirna Safi (Sciences-Po, LIEPP), Clara Schaeper (Berlin School of Economics) et Joyce Sultan Parraud (IPP).

ISM-CORUM : Amélie Allegre, Anna Bagramova, Frédérique Bouvier, Fabrice Foroni, Sara Ftoh Fennane, Isabelle Huet, Bianka Kozma, Amine Medaghri Alaoui et Elshaday Tekle.

Cette étude est le fruit d’une collaboration entre la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques – Mission d’Animation de la Recherche (Dares-MAR), l’Institut des politiques publiques (IPP) et l’Inter Service Migrants – Centre d’Observation et de Recherche sur l’Urbain et ses Mutation (ISM CORUM). Cette étude a bénéficié du soutien financier de la Dares.

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Cette note est également disponible sur le site de la DARES, onglet « Publications ».

Résumé :

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont un trait marquant du marché du travail : elles se traduisent par une moindre participation des femmes, des rémunérations inférieures à celles des hommes, ou encore des trajectoires professionnelles moins ascendantes. La contribution des conditions d’accès à l’emploi à ces inégalités professionnelles reste encore mal connue. Afin de mieux appréhender la discrimination à l’embauche selon le sexe, une expérimentation de grande ampleur a été menée, en envoyant des CV fictifs en réponse à plusieurs milliers d’offres d’emploi dans onze métiers distincts. Ces CV ne diffèrent que par le nom du candidat de façon à éliminer l’effet de la qualité des candidatures sur les chances de rappel lors de la première phase du processus de recrutement. Les candidatures féminines et masculines portant un prénom d’origine française ont globalement reçu le même accueil de la part des employeurs : un tiers ont été rappelées, la moitié n’ont pas reçu de réponse, les autres ont été refusées. Des différences fortes apparaissent néanmoins selon le niveau de qualification, les femmes étant défavorisées pour les métiers peu qualifiés tandis que l’inverse est observé pour les métiers de cadres avec encadrement. L’introduction dans les CV d’informations sur la situation familiale (présence d’enfants, situation maritale) ou indiquant une période d’inactivité n’entraîne aucune différence de traitement significative entre les candidatures féminines et masculines.

Points clés :

  • Plusieurs milliers de CV ont été envoyés en réponse à des offres d’emploi publiées pour 11 métiers différents. Nous avons fait varier le sexe des candidats aléatoirement d’une candidature à l’autre afin de pouvoir mesurer la discrimination à l’embauche en raison du sexe.
  • En moyenne, les femmes et les hommes sont aussi souvent contactés par les employeurs et il n’y a donc pas de discrimination à l’encontre d’un sexe détectable lors de la première phase du processus de recrutement.
  • L’absence de discrimination en moyenne n’est pas liée à la pandémie de Covid-19 et s’observait déjà avant celle-ci.
  • Il y a en revanche des disparités importantes liées au niveau de qualification requis, les femmes étant défavorisées parmi les métiers les moins qualifiés, mais favorisées sur les métiers de cadres, en particulier lorsqu’ils comportent de l’encadrement.
  • Ce « retournement » en faveur des femmes qui s’opère entre emplois peu qualifiés et qualifiés est tiré par des métiers où les hommes sont largement majoritaires.
  • L’ajout sur les CV d’indications concernant la présence d’enfants, la situation conjugale ou encore l’existence de périodes d’inactivité n’induit pas en moyenne de discrimination à l’encontre des candidatures féminines.

Reprises presse

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