Note IPP n°45 - Septembre 2019

Role Models féminins : un levier efficace pour inciter les filles à poursuivre des études scientifiques ?

Note IPP n°45

Septembre 2019

Auteurs : Thomas Breda, Julien Grenet, Marion Monnet, Clémentine Van Effenterre

Contact : julien.grenet@ipp.eu

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logo-pdf-minRole Models féminins : un levier efficace pour inciter les filles à poursuivre des études scientifiques ?

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Résumé :

En France, comme dans la plupart des pays développés, la sous-représentation des femmes dans les filières scientifiques constitue un frein important à l’égalité professionnelle. Depuis 2014, le programme de sensibilisation For Girls in Science de la Fondation L’Oréal propose des interventions d’une heure qui sont dispensées en classe par des jeunes femmes ayant une formation scientifique (collaboratrices du groupe L’Oréal et jeunes chercheuses). L’objectif de ces interventions est de contrecarrer les stéréotypes associés aux métiers scientifiques et à la place des femmes en sciences, de manière à rendre les filières scientifiques plus attractives auprès des jeunes filles.

En nous appuyant sur un protocole d’évaluation par assignation aléatoire impliquant près de 20 000 élèves scolarisés dans les classes de seconde et de terminale scientifique d’une centaine de lycées franciliens en 2015-2016, nous montrons que ces interventions ponctuelles entraînent une diminution significative des représentations stéréotypées des élèves sur les métiers scientifiques et sur les différences genrées d’aptitudes pour les sciences, aussi bien chez les filles que chez les garçons. Bien que ces interventions n’aient pas d’impact détectable sur les choix d’études des élèves de seconde et des garçons de terminale S, elles ont des effets significatifs sur l’orientation post-bac des filles de terminale S : parmi ces dernières, la proportion s’orientant vers une classe préparatoire (CPGE) scientifique passe de 11 à 14,5 % (soit une augmentation de 30 %). L’un des enseignements de l’étude est que la capacité à influencer les choix d’orientation des jeunes filles ne dépend pas uniquement de l’efficacité des role models féminins à déconstruire les stéréotypes relatifs aux métiers scientifiques et à la place des femmes et des hommes en science, mais également du type d’identification déclenchée par l’exposition au modèle.

Points clés:

  • L’intervention de femmes scientifiques dans les classes des lycées réduit significativement la prévalence des stéréotypes associés aux métiers scientifiques et à la place des femmes en sciences, tant chez les filles que chez les garçons.
  • Le programme n’affecte pas significativement les choix d’orientation des élèves de seconde mais fait passer de 11 à 14,5 % la part des filles de terminale S qui s’orientent vers une classe préparatoire scientifique.
  • Parmi les élèves les plus performants en mathématiques, le programme réduit d’un tiers l’écart filles-garçons dans l’accès aux CPGE scientifiques.
  • •L’impact du programme sur les choix d’études des élèves dépend étroitement du profil des role models qui ont conduit les interventions en classe.
  • Un effet non anticipé du programme est qu’en mettant l’accent sur la sous-représentation des femmes dans les filières et les métiers scientifiques, les interventions ont renforcé chez les élèves le sentiment que les femmes sont discriminées en science, particulièrement chez les moins performants.

Reprise presse

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